Des missiles ont fait deux morts hier en Pologne, près de la frontière avec l’Ukraine. Après une réunion d’urgence ce matin, l’OTAN et le G7 n’ont pas accusé la Russie, suspectée en premier lieu.
Le général Trinquant estime que si le tir était russe, il n’était pas intentionnel
Un haut responsable du renseignement américain a donné l’alerte hier soir, déclarant que des missiles russes avaient fait deux morts en Pologne en tombant sur un petit village près de la frontière ukrainienne. Le gouvernement polonais a convoqué une réunion en urgence et le Pentagone mène une enquête. Il s’agit de déterminer si cette frappe est volontaire ou s’il s’agit d’une erreur, donc de savoir si le conflit entre l’Ukraine et la Russie risque de s’étendre. Pour le général Dominique Trinquant, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, il n’y a pas lieu de le penser. « Le ministre de la défense russe a déjà dit qu’il n’y a pas eu de frappes vers la Pologne : il reconnaît, d’une certaine manière, que si un missile est tombé, c’est une erreur », explique-t-il. Cela n’empêche pas selon lui une réaction par un communiqué de l’OTAN, dont plusieurs pays membres sont actuellement au G20.
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Si ce tir de missile se révélait intentionnel, les choses seraient différentes, avec une probable entrée en jeu de l’article 5 de l’alliance militaire, prévient Amélie Zima, chercheuse à l’institut de recherche stratégique de l’école militaire. Cet article stipule qu’une attaque contre un Etat membre est une attaque contre tous les autres, une règle prise au sérieux selon la chercheuse : « le président lithuanien a d’ores et déjà dit que chaque pouce du territoire de l’OTAN doit être défendu ». Les pays alliés décideraient ou non, par consensus de fournir une assistance au pays agressé, qu’elle soit militaire ou « logistique, médicale ou de renseignement ». « La réponse armée n‘est pas non plus une réponse automatique », avertit-elle.
Ces tirs pourraient être un « tournant dans la guerre » selon le Washington Post
L’information sur les missiles qui auraient fait deux morts en Pologne est tombée tard hier soir. Peu de quotidiens nationaux en font donc écho mis à part Libération, qui titre « Kiev bombardé, la Pologne en alerte ». Le Figaro et Le Parisien Aujourd’hui en France n’en font mention qu’en pages intérieures. Dans la presse régionale, l’information est à la une de Nice-Matin, de La Montagne et de La Marseillaise qui se demande si cette explosion en Pologne est « un jeu de dupes ou un réel engrenage ».
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C’est surtout dans la presse anglo-saxonne que l’information est traitée. Sur son site internet, le New York Times a publié une très courte vidéo d’une explosion qui aurait touché un silo à grain à Psevodov, village situé à 7 kilomètres de la frontière ukrainienne. The Guardian indique d’ailleurs que le ministère russe de la Défense a nié dans un communiqué que des missiles aient atterri en Pologne, qualifiant les informations des médias de « provocation délibérée ». Pour le Washington Post, même si elle résulte d’une erreur, une frappe russe touchant le territoire d’un allié de l’Otan « pourrait représenter un tournant » de la guerre en Ukraine.
Zoé Pallier, Philippe Gault
Retrouvez le reportage de Zoé Pallier à partir de 01:00