Le général Pierre de Villiers assure que Vladimir Poutine attend le printemps pour « reprendre l’ascendant militaire »

BRUNO LEVY/SIPA

Pierre de Villiers, ancien chef d’Etat-Major des armées, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Selon lui, la désescalade en Ukraine est encore lointaine : il plaide pour poursuivre l’aide aux Ukrainiens jusqu’à ce que la Russie accepte de négocier.

Il faut aider l’Ukraine « jusqu’à ce que Vladimir Poutine se sente dans une nasse »

Emmanuel Macron a promis qu’il aura un « contact direct » avec Vladimir Poutine dans les prochains jours. C’est tout à l’honneur du président « d’essayer de mettre les protagonistes autour de la table de négociation », salue le général Pierre de Villiers. Il assure que la France est « l’un des rares pays » qui peut empêcher cette « logique de l’escalade permanente ». Dans son récent livre Paroles d’honneur (Fayard), il revient brièvement sur l’invasion russe en Ukraine, « une guerre qui n’est pas la nôtre », d’après lui. Néanmoins, ce conflit fait rage au cœur de l’Europe. « On ne peut pas faire comme si on ne voyait pas. On ne peut pas laisser un État puissance braver l’ensemble de la communauté internationale », lance-t-il. Dès lors, l’objectif de la France doit être d’essayer « d’arrêter cette boucherie terrible ». Il remarque que 100.000 soldats, de chaque côté, ont été mis hors de combat, ce qui est « énorme ». Aider le peuple ukrainien est de mise, jusqu’à ce que le chef du Kremlin « se sente dans une nasse » et en vienne à négocier « une paix durable », qui ne soit pas une « paix munichoise » [en référence aux accords de Munich en 1938]. Avec la Russie, « la conversation ne s’établit efficacement que dans le rapport de force », analyse-t-il.

A lire aussi

 

 

Le temps où la France « savourait les dividendes de la paix » est fini

Cependant, le général se montre assez pessimiste quant aux opportunités de désescalade. « Un dictateur qui est dans un tunnel ne recule jamais », prévient-il. Vladimir Poutine vise désormais les installations énergétiques pour « atteindre le moral de la population », à défaut de progresser sur le terrain. Son objectif est de repartir de plus belle au printemps et « reprendre l’ascendant militaire », selon l’ancien chef des armées, qui avait dialogué avec son homologue russe de l’époque, le général Guerassimov. Pierre de Villiers fait aussi le constat d’un « retour des Etats puissances, qui sont des anciens empires » comme la Russie. Ces Etats se réarment depuis 15 à 20 ans en augmentant leur budget militaire, pendant que la France « savourait les dividendes de la paix », regrette-t-il. Ainsi, son livre est dédié à la jeunesse qui, selon lui, ne sait pas encore que « nous sommes dans un pays instable ». Il affirme que les nouvelles générations ont besoin « d’authenticité, de fermeté et d’autorité ». Dans une société à l' »individualisme forcené », Pierre de Villiers fait le constat d’une faiblesse et d’un manque d’humanité. « Or, aimer son pays, c’est une manière d’aimer l’humanité et non pas du nationalisme », insiste-t-il.

Clément Kasser

Retrouvez les articles liés à l’actualité internationale