Zelensky à Washington : Vladimir Poutine doit être « vert de rage », affirme le général Pellistrandi

Andrew Harnik/AP/SIPA

Le général Pellistrandi, rédacteur en chef de Défense Nationale, et Cyrille Bret, géopolitologue, étaient les invités de la matinale de Radio Classique. Hier, la visite de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis a marqué un tournant dans la guerre.

Les Etats-Unis pourraient bientôt ralentir leur aide à Volodymyr Zelensky

Volodymyr Zelensky a prononcé un discours d’une vingtaine de minutes devant le Congrès américain ce mercredi 21 décembre. Il a été ovationné à plusieurs reprises. Cette visite « marque un point très important » dans la guerre, remarque Cyrille Bret. D’abord, elle montre « la reconnaissance ukrainienne envers les Etats-Unis » et ses livraisons d’armes, estimées à 50 milliards d’euros. Zelensky, qui n’avait pas quitté son pays depuis le 24 février, a d’ailleurs remis la médaille d’un soldat ukrainien à Joe Biden. Une marque de respect qu’il n’a pas offert aux pays européens par exemple. Il s’agirait aussi de « s’assurer d’un soutien dans la durée », poursuit le géopolitologue, alors que la Chambre des représentants va basculer du côté des Républicains et que l’opinion « fatigue » à l’égard des « aides massives ». L’isolationnisme va supplanter l’interventionnisme pour de bon, prévient-il, ce qui pourrait compromettre la politique d’aide à l’Ukraine. D’autant plus que les stocks américains commencent à s’épuiser, ajoute le général Jérôme Pellistrandi. C’est pour cela qu’hier, Zelensky a essayé de cocher toutes les cases pour plaire à l’opinion publique américaine selon ce dernier. « Il s’est présenté de façon assez humble alors qu’aux Européens, il donnait parfois des leçons », partage-t-il.

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Vladimir Poutine promet des armements « hyper sophistiqués » dès janvier

Ce matin, Vladimir Poutine doit être « vert de rage » selon le général Pellistrandi : « il a engagé la guerre pour que l’Ukraine ne bascule pas dans le camp occidental, mais c’est tout l’inverse qui se produit ». Cyrille Bret se réfère aussi à la presse russe, qui redoute la livraison américaine [confirmée hier] d’un système antiaérien Patriot à l’Ukraine. Il s’agit d’un système « extrêmement performant destiné à détruire des avions ou des missiles balistiques », précise le général. Cependant, cette livraison est avant tout symbolique selon lui. « Tirer un missile de 3 millions de dollars pour abattre un drone iranien qui vaut 20.000 dollars, ça n’a aucun intérêt », lâche-t-il. A ces yeux, la livraison de 125 canons britanniques à tir rapides sera bien plus efficace contre les drones. Le Patriot, quant à lui, pourrait servir à protéger Kiev ou le Donbass en cas d’escalade forte.

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Tous ces armements occidentaux ne servent pas à frapper la Russie, rappelle Cyrille Bret. « Ce serait une ligne rouge franchie et l’entrée dans le conflit, selon Moscou, d’un nouveau protagoniste ». Ce serait pour cela, poursuit-il que l’Ukraine a frappé 2 bases aériennes russes avec… des vieux drones soviétiques. Du matériel conçu par la Russie elle-même ! « C’est une forme de clin d’œil », note le général Pellistrandi. Du côté de Moscou, Vladimir Poutine prépare aussi une offensive en janvier, annonce le géopolitologue. Hier, devant les hauts-gradés de l’armée, le chef du Kremlin a promis le développement du « potentiel militaire et nucléaire » russe, la mise en service d’un nouveau missile supersonique et la conscription de 350.000 personnes supplémentaires. Une stratégie erronée selon Cyrille Bret. « Un pays ne se conquiert pas uniquement avec des armements hyper sophistiqués qui frappent à distance ». De plus, cette conférence de presse devant les généraux traduirait le basculement de la communication poutinienne « dans un format soviétique ».

Clément Kasser

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