Le général Pellistrandi, rédacteur en chef de Défense Nationale, et Cyrille Bret, géopolitologue, étaient les invités de la matinale de Radio Classique. Hier, la visite de Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis a marqué un tournant dans la guerre.
Les Etats-Unis pourraient bientôt ralentir leur aide à Volodymyr Zelensky
Volodymyr Zelensky a prononcé un discours d’une vingtaine de minutes devant le Congrès américain ce mercredi 21 décembre. Il a été ovationné à plusieurs reprises. Cette visite « marque un point très important » dans la guerre, remarque Cyrille Bret. D’abord, elle montre « la reconnaissance ukrainienne envers les Etats-Unis » et ses livraisons d’armes, estimées à 50 milliards d’euros. Zelensky, qui n’avait pas quitté son pays depuis le 24 février, a d’ailleurs remis la médaille d’un soldat ukrainien à Joe Biden. Une marque de respect qu’il n’a pas offert aux pays européens par exemple. Il s’agirait aussi de « s’assurer d’un soutien dans la durée », poursuit le géopolitologue, alors que la Chambre des représentants va basculer du côté des Républicains et que l’opinion « fatigue » à l’égard des « aides massives ». L’isolationnisme va supplanter l’interventionnisme pour de bon, prévient-il, ce qui pourrait compromettre la politique d’aide à l’Ukraine. D’autant plus que les stocks américains commencent à s’épuiser, ajoute le général Jérôme Pellistrandi. C’est pour cela qu’hier, Zelensky a essayé de cocher toutes les cases pour plaire à l’opinion publique américaine selon ce dernier. « Il s’est présenté de façon assez humble alors qu’aux Européens, il donnait parfois des leçons », partage-t-il.
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Vladimir Poutine promet des armements « hyper sophistiqués » dès janvier
Ce matin, Vladimir Poutine doit être « vert de rage » selon le général Pellistrandi : « il a engagé la guerre pour que l’Ukraine ne bascule pas dans le camp occidental, mais c’est tout l’inverse qui se produit ». Cyrille Bret se réfère aussi à la presse russe, qui redoute la livraison américaine [confirmée hier] d’un système antiaérien Patriot à l’Ukraine. Il s’agit d’un système « extrêmement performant destiné à détruire des avions ou des missiles balistiques », précise le général. Cependant, cette livraison est avant tout symbolique selon lui. « Tirer un missile de 3 millions de dollars pour abattre un drone iranien qui vaut 20.000 dollars, ça n’a aucun intérêt », lâche-t-il. A ces yeux, la livraison de 125 canons britanniques à tir rapides sera bien plus efficace contre les drones. Le Patriot, quant à lui, pourrait servir à protéger Kiev ou le Donbass en cas d’escalade forte.
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Tous ces armements occidentaux ne servent pas à frapper la Russie, rappelle Cyrille Bret. « Ce serait une ligne rouge franchie et l’entrée dans le conflit, selon Moscou, d’un nouveau protagoniste ». Ce serait pour cela, poursuit-il que l’Ukraine a frappé 2 bases aériennes russes avec… des vieux drones soviétiques. Du matériel conçu par la Russie elle-même ! « C’est une forme de clin d’œil », note le général Pellistrandi. Du côté de Moscou, Vladimir Poutine prépare aussi une offensive en janvier, annonce le géopolitologue. Hier, devant les hauts-gradés de l’armée, le chef du Kremlin a promis le développement du « potentiel militaire et nucléaire » russe, la mise en service d’un nouveau missile supersonique et la conscription de 350.000 personnes supplémentaires. Une stratégie erronée selon Cyrille Bret. « Un pays ne se conquiert pas uniquement avec des armements hyper sophistiqués qui frappent à distance ». De plus, cette conférence de presse devant les généraux traduirait le basculement de la communication poutinienne « dans un format soviétique ».
"Even if there is no electricity, the light of our faith in ourselves will not be put out": Ukrainian President Volodymyr Zelensky tells Congress that Ukrainians will celebrate Christmas this year, despite the atrocities of the war https://t.co/DMKKjmiLR4 pic.twitter.com/Vd173ZfDh0
— CNN Politics (@CNNPolitics) December 22, 2022
Clément Kasser