L’Organisation Internationale du Travail (OIT) est devenu le meilleur agent de relations publiques du Qatar, si on en croit la presse de ce matin. Après une Coupe du monde presque sans accroc, le lobbying qatari est mis au jour.
L’Organisation Internationale du Travail a ouvert un bureau au Qatar en 2018
« Le Qatar est un leader en matière de droit du travail » déclarait Eva Kaili, la vice présidente du Parlement européen peu de temps avant son interpellation. Cette phrase, c’est la pointe de l’iceberg, explique en substance ce matin Le Parisien-Aujourd’hui en France. Le journal vous raconte l’histoire du lobbying qatari pour se mettre l’Organisation Internationale du Travail dans la poche. A la base de ces louanges, il y a les rapports de l’institution, passée en 10 ans du rôle d’aiguillon à celui d’auxiliaire de la communication de l’émirat. En novembre 2021, l’OIT publiait un chiffre faisant état de 50 morts dans les accidents sur les chantiers de la Coupe du monde. C’est très loin des 6.500 avancés par le journal anglais The Gardian et les ONG.
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Le Qatar a mené un lobbying intense auprès des syndicalistes qui siègent au sein de l’organisation. Ses membres italiens changent radicalement d’opinion à partir de 2017, l’un d’eux est d’ailleurs mis en examen dans l’affaire du Qatargate. En 2018, l’OIT ouvre un bureau au Qatar. A part le salaire du chef du bureau, le reste est pris en charge par l’émirat pour 25 millions de dollars. Un beau cadeau… De son côté, l’Etat du Golfe s’est engagé à faire évoluer sa législation du travail, mais dans les faits, rien n’a vraiment changé. Dans les mois qui ont précédé la Coupe du monde, le bureau Qatari de l’OIT est devenu une étape quasi-incontournable pour tout voyage de presse dans le pays. Mieux, son responsable Max Tuñon porte la bonne parole à l’étranger. C’est un peu comme si la FAO, l’Organisation Mondiale contre la Faim vous expliquait qu’il n’y a pas de famine en Somalie. Ou comment l’Organisation Internationale du Travail a cru au Père Noël.
David Abiker