Le déficit commercial français atteint des sommets : 164 milliards d’euros en 2022. C’est le pire de notre histoire, deux fois plus que le précédent record, établi en 2021. Pendant ce temps l’Italie, qui a subi les mêmes crises, s’en sort mieux. Voici pourquoi.
L’Italie fait beaucoup mieux que nous avec un déficit de 31 milliards d’euros
Les prix de l’énergie ont largement contribué à ce mauvais résultat pour la France. Avec la guerre en Ukraine, mais aussi un parc nucléaire à l’arrêt, nos importations d’énergie ont explosé, l’année dernière, au moment même où les prix atteignaient des sommets. « Au final, plus de 80% de l’aggravation du déficit s’explique par l’augmentation de la facture énergétique » a expliqué Olivier Brecht, ministre délégué au Commerce extérieur. Des chiffres inquiétants lorsqu’on les compare à ceux de nos voisins. Sans surprise, l’Allemagne affiche un excédent de 76 milliards d’euros. Mais surtout l’Italie fait beaucoup mieux que nous avec un déficit de 31 milliards d’euros. Alors que nos deux pays partagent la même monnaie, la même crise énergétique et la même pandémie, entre Paris et Rome, c’est un déficit multiplié par 5. En cause, un tissu industriel relativement différent, explique l’économiste Anne-Sophie Alsif : « l’Italie est la deuxième puissance industrielle européenne devant la France. [Il s’agit] d’industries très exportatrices, design, chimie, pharmacie et plutôt [des produits] haut de gamme ».
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2023 pourrait amener du mieux sur le front du déficit français
Tandis que les industries italiennes, en particulier le cuir et la métallurgie, redémarrent fort, l’aéronautique, la locomotive industrielle française, reste à quai, faute de commandes. Et avec un coût du travail inférieur d’un tiers au nôtre, Rome se montre plus résiliente : « il y a plus de valeur ajoutée crée, plus de marge, plus de possibilités de pouvoir absorber les chocs, dont les prix de l’énergie », souligne Anne-Sophie Alsif. Mais le gouvernement tient à nuancer, une partie du déficit provient d’investissements. Encore faut-il les faire fructifier, prévient Bruno Fernandes, économiste Europe de l’Ouest chez Coface : « On n’a pas forcément de chiffres précis de relocalisation, et [on ne sait même pas] si finalement ça se traduit par davantage de productivité, et si vraiment l’investissement va rester important. Est-ce que du coup les exportations industrielles vont progresser ? ». A défaut d’exporter plus, 2023 pourrait amener du mieux sur le front du déficit français. Avec un parc nucléaire de nouveau fonctionnel, et des prix des énergies en deçà des sommets atteints l’an dernier.
Eric Kuoch
Retrouvez le reportage d’Eric Kuoch au début du journal :