L’inquiétante dépendance économique des pays occidentaux à la Chine

Jacques Witt/SIPA

Emmanuel Macron est parti en Chine avec plusieurs dizaines de patrons français. Pourquoi est-ce si important pour eux d’accompagner le chef de l’Etat ?

 

Il ne faut pas s’y tromper, la Chine a connu deux années très difficiles avec le Covid mais le pays représente encore une sacrée opportunité économique. C’est un pays de 1,4 milliard d’habitants avec une classe moyenne qui ne cesse de grossir et de s’enrichir, et qui a basculé dans la société de consommation de façon massive.

Ce n’est plus le communisme de la Révolution culturelle et du costume Mao. Dans de nombreux secteurs, c’est à la fois le premier marché du monde et celui qui connaît la plus forte croissance. Pour la plupart des entreprises il est donc tout simplement incontournable. Comme la Chine avait refermé ses frontières depuis début 2020, il était temps pour de nombreux patrons de retourner sur place.

La Chine a basculé dans la société de consommation de façon massive

Pendant la crise, la consommation domestique chinoise a chuté. Certains secteurs comme les cosmétiques ont réussi à résister grâce au ecommerce, particulièrement développé là-bas. D’autres ont souffert comme l’automobile. La production aussi a été affectée. La machine exportatrice chinoise a connu des ratés. Cela a posé des problèmes aux distributeurs ou industriels occidentaux qui se fournissent en produits finis souvent bons marchés fabriqués là-bas.

Si demain la Chine devait attaquer Taïwan le commerce risquerait de s’arrêter

Mais cela a aussi fragilisé tout ceux qui se fournissent en matériaux ou en composants en Chine. Tout le monde s’est rendu compte qu’on souffrait d’une forme de dépendance par rapport à la Chine. Le Covid et la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie ont provoqué une prise de conscience. La première c’est que les entreprises sont souvent trop dépendantes d’un fournisseur chinois. Il ne faut pas être mono-source. Il faut diversifier sa base de fournisseurs quitte à accepter une petite hausse de ses coûts, car il est préférable de subir un peu d’inflation plutôt que de passer à côté de ventes parce qu’on n’est pas livré et qu’on manque de produits ou de composants.

 

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C’est pour ça que des groupes cherchent par exemple à produire plus en Inde ou au Vietnam. L’autre leçon, tirée de l’Ukraine, c’est que la jurisprudence aujourd’hui est clair. Si demain la Chine devait attaquer Taïwan, ce qui ne semble pas d’actualité, le commerce risquerait de s’arrêter. Il ne faut donc pas quitter la Chine dont on a besoin aujourd’hui mais il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le panier chinois. Il faut aller chercher aussi de la croissance ailleurs, en particulier aux Etats-Unis, un marché certes plus mature mais qui reste colossal et souvent très rentable. Dans l’économie, comme dans la vie, c’est toujours mieux de marcher sur deux jambes.

David Barroux

 

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