Réforme des retraites : Ce que l’on sait des étapes prévues cette semaine

ANNE-CHRISTINE POUJOULAT-POOL/SIPA

C’est une semaine cruciale pour le gouvernement d’Elisabeth Borne : on saura quel est l’avenir de la réforme des retraites, mais aussi celui du quinquennat et de la première ministre. Derrière ces nouvelles étapes s’esquisse en effet un début de fracture entre l’Elysée et Matignon.

On connaîtra vendredi la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Soit elle est validée, du moins sur ses aspects essentiels, et le gouvernement pourra respirer. Il y aura beaucoup de rancoeur dans le monde syndical et la suite ne s’annoncera pas rose pour l’exécutif, mais au moins la loi sera promulguée, le parcours du combattant de la réforme des retraites sera achevé. Et par une victoire. A un prix très élevé, mais par une victoire quand même.

Autre possibilité, le collège présidé par Laurent Fabius décide de censurer la retraite à 64 ans, et alors c’est une autre histoire qui commence. L’autre moment clé de cette semaine se déroule aussi vendredi. Elisabeth Borne doit présenter au président de la République le fruit de ses consultations des forces politiques, et lui dire quels sont les projets que, sur cette base, elle pense pouvoir faire aboutir.

L’Elysée et Matignon tentent de démentir l’existence de tensions entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne

Ce qui se joue, c’est davantage l’avenir du quinquennat que celui de la première ministre. C’est vrai qu’à la télévision, Emmanuel Macron avait chargé Elisabeth Borne d’ « élargir la majorité » en formulant ce souhait qui ressemblait tout autant à un avertissement : « j’espère qu’elle y parviendra ». S’il s’agit de former une coalition solide et majoritaire à l’Assemblée, on savait d’avance que c’était mission impossible, mais ce n’est pas de la faute personnelle de la première ministre. Personne d’autre n’y parviendrait en l’état actuel des choses.

On verra d’ici la fin de la semaine s’il est possible d’avancer texte par texte sur des sujets précis. Mais le temps des grandes réformes semble révolu. La première ministre a parlé à la fin de la semaine dernière de nécessité de ne pas brusquer les choses, le pays étant « convalescent ». Le chef de l’Etat a fait savoir que le cap était fixé et qu’il ne fallait renoncer à rien. Cela ressemble à l’amorce d’une fracture entre l’Elysée et Matignon.

La loi immigration, le Service National Universel, la baisse des droits de succession pourraient être reportés

Depuis vendredi, les deux maisons s’efforcent de démentir tout différend entre Macron et Borne. Mais la question aujourd’hui n’est pas tant ce que veulent faire l’un et l’autre, mais ce qu’ils peuvent faire. Sachant qu’il n’y a pas plus de majorité absolue aujourd’hui qu’il y en avait hier et que la crise des retraites n’a fait que compliquer un peu plus la donne au Parlement.

 

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Qu’est-ce que l’on a appris ou que l’on pressent depuis quelques semaines ? L’immigration, c’est reporté. Le Service National Universel ? Il ne sera pas dans la loi de programmation militaire et il n’est plus sûr du tout qu’il devienne obligatoire. La baisse des impôts, et notamment des droits de succession, il n’en serait plus question. Les contreparties de travail au RSA, la réforme du lycée professionnel ? On éviterait les chiffons rouges. Alors s’il s’agit de ne proposer que le plus petit dénominateur commun des réformes, la feuille de route que va proposer Elisabeth Borne risque d’être assez mince.

Guillaume Tabard

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