Avec son « Plan eau », Emmanuel Macron temporise sur les retraites 

Thibaut DURAND-POOL/SIPA

Emmanuel Macron a présenté hier son « Plan eau », au bord du lac de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes. Sur le plan politique et dans cette séquence de crise sociale, on peut s’interroger sur  l’intérêt et la portée de ce déplacement.

 

Emmanuel Macron se rendra mardi en Chine

L’intérêt de ce déplacement était tout simplement qu’il puisse avoir lieu. Ce n’est pas évident dans ce contexte de vive contestation de la réforme des retraites et de chute de popularité du couple exécutif. La venue d’un ministre ou a fortiori du président peut déclencher de la colère et on voit en ce moment qu’un dérapage peut vite arriver. De fait, hier, à Savines-le-lac, au bord du lac de Serre-Ponçon dans ce magnifique département des Hautes-Alpes, il y a eu des manifestations contre Emmanuel Macron.

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Mais précisément, le chef de l’Etat avait besoin de prouver que non, il n’est pas interdit de circulation sur le territoire de son pays, que non, il ne craint pas la confrontation. Et plus encore, il devait se montrer. Il devait parler, y compris sur les retraites, car il y a un reproche que l’on entend monter : le président serait coupé de tout et de tout le monde, enfermé dans son palais de l’Elysée, n’écoutant personne et ne comprenant plus le pays. Alors, il ne suffit évidemment pas d’une sortie de quelques heures au pied des Alpes pour que le regard sur lui change, mais symboliquement, le voir sur le terrain, c’était important. D’autant qu’il part en Chine mardi et que son dernier voyage était en Afrique. Or, dans ce climat, il serait désastreux que les sorties présidentielles se limitent à la scène internationale.

La date de la décision du Conseil constitutionnel est fixée au 14 avril

Présenter le plan eau, c’est aussi s’extraire du seul sujet des retraites. C’est pour ça que le président de la République a récupéré ce déplacement et ces annonces qui étaient initialement réservées à la Première ministre. Laquelle est aujourd’hui dans la Nièvre pour parler d’école et de ruralité, donc de tout autre chose, elle aussi, que les retraites. « Tout ne peut pas s’arrêter », a dit Macron. Et c’est vrai qu’il y a un cercle vicieux. Plus le débat public se réduit à la réforme des retraites et à la contestation qu’elle a provoqué, et plus le climat devient dramatique et anxiogène. Pour tenir jusqu’au 14 avril, date de la décision du Conseil constitutionnel, l’exécutif a besoin de faire baisser la tension. Et faire baisser la tension, ça passe par d’autres sujets mis sur la table.

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Mais alors, parmi les sujets permettant de parler d’autre chose que des retraites, pourquoi avoir privilégié le plan eau ? Parce qu’il est au cœur de la question environnementale qui est censée être un des deux ou trois piliers de ce deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Parce que c’est un objectif consensuel. Qui pourrait ne pas souhaiter une meilleure gestion des réserves en eau ? Et des sujets à la fois majeurs et consensuels, concrets et de long terme, c’est justement ce que recherche l’exécutif pour sortir de la logique la plus clivante qui soit dans laquelle nous sommes en ce moment.

Guillaume Tabard

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