Vos journaux s’interrogent ce lundi 27 mars sur la question des violences et du maintien de l’ordre, après une nouvelle manifestation interdite contre les bassines dans les Deux-Sèvres. Ce rendez-vous où ont convergé des milliers de personnes, dont de nombreux militants radicaux, a donné lieu à de violents affrontements samedi.
67 boules de pétanque, 7 mortiers d’artifice, 6 bidons d’essence, 13 haches et machettes ont été saisis sur les manifestants
On découvre en page 12 du Figaro un inventaire à la Prévert, celui des objets saisis sur des manifestants à Sainte-Soline dans les jours et les heures qui ont précédé la manifestation du week-end. Lors du contrôle de 4.000 véhicules et 6.200 personnes, les forces de l’ordre ont retrouvé 11 couteaux, 67 boules de pétanque, 7 mortiers d’artifice, 6 bidons d’essence, 12 pierres et parpaings, 13 haches et machettes, 5 matraques ou battes de baseball, 20 aérosols ou bonbonnes de gaz, 69 équipements de protections, 95 outils divers. C’est la Foir’Fouille de la violence, le Bricomarché de l’anarchie, le Monsieur Bricolage du gauchisme alternatif dans ce qu’il a de plus belliqueux. Tout ceci nous amène à la question de la violence et du maintien de l’ordre dans les éditos du jour.
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Libération titre « répression policière, l’escalade ». En page intérieure, l’éditorial d’Alexandra Schwartzbrod tient la ligne du journal avec ce titre : « terrorisé ». On peut lire 3 colonnes où il n’est question que des violences policières qui inquiètent la Ligue des droits de l’Homme et le Conseil de l’Europe. Celle des black blocs auraient dû être justement contenues par les policiers. Les blessés ? Du côté des policiers, ils ne sont pas mentionnés. Les forces de l’ordre ? Elle se résument à des gendarmes mobiles se prenant pour des cow-boys. Conclusion lunaire de l’édito : « on ne peut pas vouloir d’un côté que les jeunes se sentent concernés par la vie politique et de l’autre les dégoûter de s’y impliquer ».
Trop de responsables politiques continuent à jouer la stratégie de la tension
Le son de cloche est un peu différent dans Le Figaro sous la plume de Gaëtan de Capèle : « cette semaine des hordes de voyous d’extrême-gauche venus de toute l’Europe, entraînés comme des milices paramilitaires, armés jusqu’aux dents ont déferlé sur la France ». L’éditorialiste parle d’une attaque d’une force ahurissante et invoque lui aussi la démocratie à l’instar du Conseil de l’Europe et de la Ligue des droits de l’Homme, mais dans le sens inverse. « Dans n’importe quelle démocratie », se lamente Gaëtan de Capèle, « ces images susciteraient une indignation unanime. Chez nous, dans une gauche à la dérive, il se trouve des responsables politiques pour justifier, quand ce n’est pas pour encourager le chaos ». Et l’éditorialiste du Figaro parle des médias à l’indignation sélective pour oser renvoyer barbares et gendarmes français dos-à-dos.
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Il existe en France des médias qui estiment que l’objectivité consiste en une cuillère pour maman qui manifeste, et une cuillère pour papa qui maintient l’ordre. Cela donne l’édito du jour dans La Croix de Jérôme Chapuis : « Dans les Deux-Sèvres comme dans les cortèges contre la réforme des retraites il n’est pas tolérable que la colère déborde en violence, il n’est pas acceptable non plus que des forces de l’ordre dérapent physiquement ou verbalement ». Un partout, la balle au centre donc. Dans L’Opinion, on estime que la violence ne peut servir de baromètre des frustrations. Marie-Catherine Beuth entend dépasser la question de « la faute à qui ? ». La question est plutôt : jusqu’à quand ? Alors que ce mardi 28 mars les rues de France doivent de nouveau accueillir des manifestants opposés à la réforme des retraites, le risque de voir la situation prendre une tournure dramatique a grimpé. A cause des comportements inacceptables des auteurs de ces violences mais aussi parce qu’en quête perpétuelle de gain politique, et en partie galvanisés par le report de la visite du roi Charles III, trop de responsables politiques continuent à jouer la stratégie de la tension. Et là encore, deux camps sont mis dos-à-dos : à gauche, ceux qui dénoncent les violences policières, à droite ceux qui restent arc-boutés sur la conviction que seule une démonstration de force peut être la solution. Est-ce bien raisonnable et bien responsable ? Notre classe politique n’est-elle plus en mesure de comprendre que ce n’est pas reculer que de mettre en oeuvre une désescalade ?
David Abiker