Méga-bassines à Sainte-Soline : Comment les affrontements pèsent dans le débat actuel

UGO AMEZ/SIPA

Le week-end a notamment été marqué par les images de fortes violences autour des bassines de Sainte-Soline. Mais alors, de quelle manière ces images peuvent-elles peser dans le débat actuel ?

 

Le discours de LFI repose sur trois principes

Ce spectacle incroyable, spectacle quasiment de guerre, va peser dans l’opinion. A priori, on est loin du débat sur les retraites. La question des bassines, c’est-à-dire des réserves d’eau en vue de l’irrigation de terres agricoles, n’a pas grand-chose à voir avec le passage de la retraite à 64 ans. Mais la manifestation violente de ce week-end s’inscrit dans un contexte global de tensions autour de la réforme des retraites. Elle est intervenue aussi au lendemain d’autres débordements violents lors de la neuvième journée de mobilisation, jeudi 23 mars. Enfin, elle se fait avec la participation, avec la complicité, pourrait-on même dire, d’acteurs politiques qui cherchent clairement à déstabiliser le pouvoir d’Emmanuel Macron.

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Il s’agit de constater qu’une grande partie des dirigeants de la gauche, et pas uniquement à LFI, tiennent un discours qui repose sur trois principes. Le premier est d’accuser le chef de l’Etat d’être responsable de ce climat par sa réforme des retraites, par ses mots qui, selon eux, auraient jeté de l’huile sur le feu. Cette argumentation est classique. C’est le bon vieux : qui sème le vent récolte la tempête. Le second principe est un deux poids deux mesures qui peut déranger et même choquer. La gauche est prompte à dénoncer les violences policières voire même à pointer en bloc LA violence policière. Mais quand ce sont les forces de l’ordre qui sont prises à partie, il n’y a rien, pas la moindre condamnation. Enfin, le troisième principe, et c’est le plus gênant, est une correspondance établie entre les violences physiques et concrètes et la violence politique et symbolique des choix du gouvernement. Comme si le refus de la seconde non seulement expliquait, mais justifiait, voire légitimait la première.

Emmanuel Macron pourrait apparaître comme un rempart contre le désordre

A l’inverse, certains, comme Jordan Bardella, reprochent au chef de l’Etat de vouloir instrumentaliser politiquement la violence. Les poubelles incendiées à Paris, les forces de l’ordre caillassées à Sainte-Soline, ce n’est pas Emmanuel Macron qui donne les consignes. Mais face à cette situation, face à ces menaces pour l’ordre public et pour la paix civile, oui, le chef de l’Etat, par sa fonction, peut se poser ou apparaître en rempart contre le désordre. Ce climat peut ainsi conduire l’opinion à quitter un terrain exclusivement social pour aller sur un terrain régalien qui, en termes d’image, pourrait lui être plus favorable. A condition toutefois, de pouvoir contrôler cette situation. Mais se poser en défenseur de l’autorité de l’Etat peut éventuellement faire basculer des gens qui sont opposés à la réforme des retraites, mais qui ont peur ou refusent une situation qui deviendrait insurrectionnelle.

Guillaume Tabard

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