Les journaux étrangers reviennent sur la réforme des retraites qui prévoit un âge de départ à 64 ans. Alors qu’elle vient d’être adoptée via l’article 49.3, elle suscite toujours autant d’opposition dans la rue.
Le New York Times parle du plus grand défi d’Emmanuel Macron
Macron parle, la rue répond, résume El Mundo, mais la rue est beaucoup plus enflammée que précédemment, observe le quotidien espagnol. Personne ne flanche rapporte El Pais, ni Macron ni le mouvement soutenu par 70 % des Français. Le journal s’inquiète néanmoins des affrontements entre la police et certains manifestants. Le journal italien La Repubblica observe la difficulté des services d’ordre à contenir les casseurs qui sont passés à l’action. La radicalisation est le plus grand danger qui menaçait la mobilisation, explique le journal argentin El Clarin à ses lecteurs. Le Soir de Belgique parle de nausée soudaine face à un pouvoir conspué, méprisant et insensible. Pour le New York Times c’est le plus grand défi auquel Emmanuel Macron ait jamais été confronté. Les Anglais sont plus nuancés. La loi est passée, note la BBC, Macron peut tabler sur l’essoufflement du mouvement et s’il se radicalisait par trop de violence, les Français s’en détourneraient. Le Daily Telegraph, lui, évoque la fureur d’une foule face à une réforme qui pourrait valoir à Emmanuel Macron le même sort que le roi décapité Louis XVI !
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La France de la CGT et de la CFDT, ce n’est pas toute la France, loin de là
Pendant que les uns manifestent, les autres trinquent. Ce matin Libération titre « La République en masse ». Le Bien Public est admiratif : « Quel peuple ! ». L’Humanité sombre dans le délire : « Hier vous étiez une foule, vous êtes un peuple aujourd’hui ». Les manifestants ne sont certainement pas un peuple, et encore moins le peuple des commerçants que le dialogue social à la Française empêche de travailler tel une maladie chronique. Dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Catherine est à bout de nerfs. Elle tient un restaurant à Nantes et elle est révoltée. Les feux sur les rails du tramway, les gens cagoulés en fin de cortège prêts à en découdre ont entraîné des pertes pour son établissement : « J’ai fait 45 couverts au lieu des 120 habituellement. Le chiffre d’affaires a a baissé de 20 % en janvier ». Le groupement national des indépendants hôtellerie-restauration estime que les pertes des professionnels avoisinent 20 à 30 %. C’est pareil pour les commerces de bouche. Les jours de grèves, les établissements sont obligés de fermer plus tôt, pour libérer les employés qui ne font pas grève parce qu’il faut le dire, une majorité de Français travaille, une immense majorité. La France de la CGT, de la CFDT ce n’est pas toute la France, loin de là, et Le Parisien-Aujourd’hui en France fait bien de nous rappeler que les indépendants, commerçants, professions libérales sont excédées et sont bien les dindons de la farce d’une réforme mal négociée, mal présentée et mal contestée.
David Abiker