Réforme des retraites : Après le rejet de la motion de censure, le nouveau dilemme d’Emmanuel Macron

ERIC TSCHAEN / POOL/SIPA

Cela s’est joué à neuf voix. Quel est le plus important pour la suite ? Est-ce le rejet de la motion de censure ou le fait que ça ne soit pas passé si loin ?

 

19 députés LR se sont associés à la gauche et au RN

Pour la réforme des retraites, l’essentiel est que la motion de censure ait été rejetée. Pour le gouvernement, le nombre élevé de voix recueillies sur le texte est lourd de menaces. De ce point de vue, les ennuis ne font que commencer. Commençons par revenir au point de départ, c’est-à-dire à l’essentiel : la réforme des retraites. Elle avait été annoncée durant la campagne présidentielle, a été lancée par le gouvernement puis a été contestée dans la rue. Elle a été rognée au Parlement, votée au Sénat, elle est maintenant, de facto, adoptée. Il lui reste seulement à être promulguée après l’avis du Conseil constitutionnel. Mais ça y est, l’objectif a été atteint. Non sans mal, non sans dégâts, mais il a été atteint et c’est important de le rappeler.

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Mais les ennuis continuent quand on voit ce qui se passe dans la rue : les débordements, les incendies de poubelles, la violence verbale et physique. La loi est passée, sur le plan législatif, mais elle ne passe toujours pas dans l’opinion. Il y a un vrai danger de bascule dans le désordre public, d’autant que l’extrême-gauche ou les amis de Jean-Luc Mélenchon font tout pour instaurer, attiser, instrumentaliser un climat insurrectionnel, en délégitimant la procédure parlementaire qui a certes abouti aux forceps, mais qui a abouti. Et les ennuis commencent ou continuent sur le plan politique. Les neuf voix manquantes signifient que l’hypothèse que cela passe une prochaine fois, n’est plus du tout à exclure. On savait LR divisé, mais qu’un tiers du groupe, à savoir 19 députés, s’associent à la gauche et au RN c’est bien plus que les estimations prévues. Pour LR cela annonce un divorce interne et pour l’exécutif cela promet une épée de Damoclès permanente.

 

Emmanuel Macron doit s’exprimer entre le 22 mars et le 3 avril

Que peut faire Emmanuel Macron, maintenant ? Il doit parler. Cela est prévu entre demain, le 22 mars, et le 3 avril, veille de son départ en Chine. Dans cette quinzaine, il y aura la visite du roi Charles III. Certains imaginent donc une intervention télévisée dimanche soir. Mais la question essentielle, est : parler pour dire quoi ? Changer de Première ministre est peu probable. Cela serait se défausser à peu de frais. Ce que veut le président, c’est relancer rapidement son action. Mais Emmanuel Macron est confronté à un vrai dilemme. Dans le premier cas de figure, il veut continuer à réformer vraiment et, on vient de le voir, on ne fait pas de réforme sans casse. Mais a-t-il encore le capital pour d’autres chantiers nécessaires, mais difficiles ? Soit sa priorité est d’apaiser, auquel cas, il peut lancer des grandes concertations, mais ce sera le paravent de l’inaction. Et puis n’oublions pas. Il a failli chuter sur les retraites faute de majorité. Demain, il n’en aura pas plus.

Guillaume Tabard

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