Réforme des retraites devant la CMP : L’avenir d’Elisabeth Borne à Matignon se joue cette semaine

ISA HARSIN/SIPA

La réforme des retraites passe aujourd’hui en Commission mixte paritaire (CMP), avant un vote dans les deux assemblées demain. Le parcours parlementaire de la réforme des retraites touche à sa fin. A-t-on une idée du dénouement ?

 

La gauche, le RN et le groupe LIOT sont favorables à un dépôt de motions de censure

Le suspense de la réforme des retraites va durer jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à demain. Elisabeth Borne peut tenter d’aller au vote. Elle obtiendra une majorité, même si c’est à une ou deux voix près, et cela sera un vrai succès personnel pour la Première ministre. Elle sera confortée à Matignon. Mais elle peut également aller au vote et perdre. Il sera toujours possible de demander une nouvelle délibération dans les deux assemblées ; à condition de rester dans le délai des cinquante jours c’est-à-dire d’ici au 26 mars. Mais ce serait un tel choc que la réforme serait condamnée et les jours d’Elisabeth Borne à Matignon seraient comptés.

 

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Le troisième scénario, celui auquel tout le monde pense, c’est le recours au 49.3. Et qui dit recours au 49.3 dit dépôt d’une ou plusieurs motions de censure. La gauche y est prête, le RN aussi et – on va y revenir – le groupe LIOT également. Dans ce cas, il n’y a pas une majorité pour voter une motion de censure et la loi sur les retraites sera automatiquement adoptée. Cela laissera de fait des rancœurs, notamment dans le corps social, parce que la retraite à 64 ans n’aura pas été formellement votée ; mais, au moins, elle sera passé. Ou alors, et c’est le quatrième scénario, le scénario catastrophe : une motion de censure est votée. Le texte est donc rejeté et ouvre la voie à une démission d’Elisabeth Borne, soit, carrément, à une dissolution. Ce n’est pas le scénario le plus probable, loin de là. Mais avec cette assemblée improbable, il faut s’attendre à tout.

Charles de Courson est le plus ancien des députés actuels

En quoi une motion de censure du groupe LIOT a-t-elle de l’importance dans ce contexte ? La gauche ne voudra pas voter une motion de censure présentée par le RN et les députés LR, qui sont opposés à la réforme des retraites, auront quand même du mal à voter une motion signée par LFI. Alors qu’au groupe LIOT, il y a un député centriste reconnu, très apprécié de tout le monde : Charles de Courson. C’est le plus ancien des députés actuels. Si c’est lui qui porte le texte, il est le seul à pouvoir attirer des voix venues vraiment de tous les horizons politiques. Cela ne veut pas dire que ça passera. Réunir 287 voix supposerait quand même beaucoup de voix LR. Mais cela se surveille. Qui aurait pu imaginer – il y a encore quelques mois – un centriste historique qui deviendrait peut-être le fédérateur des opposants les plus radicaux ?

Guillaume Tabard

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