Réforme des retraites : Elisabeth Borne fait une nouvelle concession à LR sur les carrières longues

Eric Dessons/JDD/SIPA

Cette fois, nous y sommes. Avec ou sans vote, les débats se concluront à l’Assemblée nationale ce soir à minuit. A cette heure, il y a un enseignement à tirer, il porte sur les finances publiques…

 

Le dispositif des carrières longues coûtera 700 millions d’euros

Quoi qu’il arrive, c’est une certitude, la réforme des retraites rapportera moins que ce qui était prévu. Quand Elisabeth Borne l’a présentée le 11 janvier, elle devait permettre de renflouer les caisses du régime à hauteur de 18 milliards d’euros par an à partir de 2030. Par rapport à la promesse de campagne avec l’âge légal à 65 ans et non 64, ce chiffre représentait déjà une perte de rendement estimée à 35%. En d’autres termes, les concessions faites à LR et aux syndicats avant même la présentation par la Première ministre, avaient déjà entraîné une baisse d’à peu près un tiers des économies que la réforme des retraites aurait pu engendrer. Et depuis, pour faire plaisir à LR, Elisabeth Borne a rajouté une modification du dispositif des carrières longues qui coûtera 700 millions d’euros. Sur cette somme, 200 millions sont financés en éliminant les forfaits de cotisation sociale sur les licenciements et les départs volontaires. Mais il reste 500 millions d’euros à trouver pour ne pas amputer le rendement de la réforme d’un demi-milliard d’euros supplémentaires. Engranger une très forte impopularité, tout en atterrissant sur une réforme qui finalement ne rapporte pas tant que ça… C’est le risque du lose-lose.

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Qui est responsable de cette situation ? D’abord et avant tout les Républicains. Il y a le salto arrière impressionnant sur les 65 ans. Mais c’est la même chose sur le sujet des finances publiques ! Le parti de droite n’est plus aujourd’hui celui du sérieux budgétaire. Quand on observe leurs exigences sur cette réforme, on se dit qu’à part Bruno Retailleau au Sénat, il ne reste plus grand monde pour se soucier de mettre de l’ordre dans les comptes. Quant aux projets de la Nupes et du RN, ils mettraient tout simplement la France à genoux financièrement. Il ne reste donc que la Macronie et en son sein, ceux qui comme Bruno Le Maire n’ont jamais varié sur le sujet, pour porter le thème des finances saines. Le problème est que sans majorité absolue, le camp Macron se retrouve l’otage de députés LR qui ont – comme s’en est exaspéré le président dans le huis clos du Conseil des ministres – « perdu leur boussole ». C’est aujourd’hui que l’on mesure vraiment les conséquences de la campagne des législatives ratée de la Macronie. La majorité relative, cela coûte très cher.

David Doukhan

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