Didier Lallement, ancien préfet de police de Paris et actuel Secrétaire général de la mer était l’invité ce mercredi 15 février de Guillaume Durand sur Radio Classique. Il sort aux éditions Robert Laffont un livre, « L’Ordre nécessaire », dans lequel il revient notamment sur le mouvement des gilets jaunes.
Didier Lallement : « La violence fait partie désormais du mode d’expression social »
Didier Lallement a été nommé à la préfecture de police de Paris le 20 mars 2019, après le limogeage de Michel Delpuech, critiqué pour sa gestion des manifestations des gilets jaunes. L’une des images très marquantes de ce mouvement est l’intrusion de militants dans l’Arc de Triomphe et la destruction de plusieurs statues, dont une Marianne. Pour Didier Lallement, il serait naïf de croire que cela ne se reproduira pas. Selon lui, « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Il voit dans le mouvement des gilets jaunes « le produit d’une décomposition sociale liée au fait que les gens ne croient plus dans le politique, ne participent plus aux élections, et que nous sommes dans un système institutionnel d’une complexité folle qui fait apparaître le politique comme à la merci de toute une série de systèmes juridictionnels ».
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Il assure que nous vivons dans un système profondément déstabilisé et appelle les concitoyens à « se ressaisir, faire nation, voter aux élections et penser transformer ce pays par la voie démocratique ». Guillaume Durand rappelle la polémique du maintien de l’ordre lors de cette crise des gilets jaunes : « Le journaliste David Dufresne a recensé pratiquement mille [actes] de violences policières ». Ce à quoi Didier Lallement a répondu : « Je n’ai jamais vu un policier attaquer un manifestant. Cependant, j’ai vu des manifestants attaquer les policiers, c’est attesté par des images ». Cette violence qui s’est manifestée lors du mouvement des gilets jaunes existe plus largement dans le pays, indique l’ancien préfet de police de Paris : « La violence fait partie désormais du mode d’expression social. On ne s’adresse plus à son concitoyen d’une façon pacifique. Regardez ce qui se passe sur les réseaux sociaux ! ».
Jean-Luc Mélenchon a accusé Didier Lallement d’être « mentalement perturbé »
Le secrétaire général de la mer est également revenu sur sa vision du maintien de l’ordre pendant les manifestations : « Il faut être au plus près lorsqu’il y a des violences. Rien n’est plus dangereux que la mise à distance lorsqu’il y a du chaos : c’est là qu’on utilise des LBD [lanceurs de balles de défense], c’est une très mauvaise chose. Quand on est tout proche, on peut mieux maîtriser le rapport de force ». Didier Lallement a aussi réagi aux nombreuses attaques verbales dont il fait l’objet de la part du leader de la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a récemment déclaré, à propos de l’ancien préfet de police de paris, que « dans le monde entier, les dictatures prennent exemple sur ce que nous avons fait », ou encore que Didier Lallement est « psychologiquement perturbé ». « Monsieur Mélenchon devrait être obsédé par d’autres choses que par moi », a répondu Didier Lallement, pointant que la police protège l’ensemble des citoyens, et que sans police, « c’est le règne de l’anarchie ». « Veut-on véritablement que le plus fort fasse sa loi dans les rues ? Ce n’est pas ça la démocratie » a-t-il tranché.
Béatrice Mouedine