Manifestation du 11 février : Qu’est-ce qui a changé dans la mobilisation ?

Chang Martin/SIPA

Ce fut une semaine intense autour de la réforme des retraites, dans la rue mais aussi au Parlement. A la veille d’une nouvelle manifestation ce samedi 11 février, faisons un point d’étape. 

 

La CGT veut durcir le mouvement et passer à des actions de blocage

Du côté de la contestation, il y a deux faits marquants. Le premier est que la participation a décru et plus fortement qu’imaginé. Les deux premières journées avaient surpris par l’ampleur des cortèges. Mardi 7 février, les effectifs ont été divisés par deux et les taux de grèves ont également chuté même s’il y a eu de fortes perturbations à la SNCF et à la RATP. On va voir ce qu’il en sera demain, mais le tassement arrive vite. Bien plus vite que lors de la réforme des retraites de 2010. Cela dit, c’est loin d’être fini. Le deuxième fait marquant, est que l’intersyndicale tient bon. Mais pour parer à l’essoufflement des cortèges classiques, certains syndicats comme la CGT veulent durcir le mouvement, c’est-à-dire passer à des actions de blocage. Et ça, ce n’est pas tellement dans les intentions de la CFDT, de la CGC ou de la CFTC. Va-t-on voir le front social à la fois se durcir et se diviser ? C’est la question de la semaine prochaine.

 

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Le gouvernement a changé de discours sur la réforme des retraites

Face à la rue, le gouvernement ne cède pas. Mais en revanche il est particulièrement soucieux de trouver un accord politique pour faire voter sa réforme. Il a donc fait des premières concessions à LR sur les carrières longues. Et il s’apprête à en faire d’autres, sans doute la semaine prochaine, pour sécuriser ce vote des LR. Ensuite dans le ton, on constate un réel changement. Au début, Elisabeth Borne a tenté de dire que sa réforme était « juste ». Cet argument n’a pas pris du tout, il a même eu un effet boomerang. Du coup, le gouvernement a changé de discours. Maintenant il assume de dire explicitement : oui, on demande un vrai effort pour que l’on puisse continuer à payer les retraites de tout le monde. Il y a, enfin, le Parlement qui a montré un visage passablement animé. On avait déjà eu un avant-goût à l’été, de ce que pouvait donner une Assemblée sans majorité absolue et avec 75 députés mélenchonistes. Mais là, le spectacle des tous premiers jours de ce débat sur les retraites a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer, ou redouter. De l’obstruction, bien sûr, mais ça ce n’est pas franchement nouveau, et surtout une violence verbale, des injures et des comportements haineux qui font frémir. Songez qu’hier, le 9 février, un député de la Nupes s’est pris fièrement en photo le pied posé sur un ballon représentant la tête du ministre du Travail. Cette stratégie de « bordelisation », pour parler comme Gérald Darmanin est délibérée. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne donne pas une image glorieuse du Parlement. Surtout si cette ambiance électrique devait durer pendant toute la discussion du projet de loi.

Guillaume Tabard

 

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