Réforme des retraites : Pourquoi Aurélien Pradié sème-t-il la discorde chez Les Républicains ?

Jacques Witt/SIPA

Dans cette bataille des retraites, il y en a un qui fait parler de lui à droite, c’est Aurélien Pradié, vice-président de LR. Mais que cherche-t-il ?

 

Aurélien Pradié est arrivé derrière Eric Ciotti et Bruno Retailleau à la candidature de la présidence LR

Si on était sévère, on dirait qu’Aurélien Pradié cherche à faire parler de lui. Il y a deux mois, ce jeune député du Lot avait été candidat à la présidence des Républicains. Il était arrivé troisième derrière Eric Ciotti et Bruno Retailleau. Il prétend incarner une ligne sociale et c’est pourquoi il est parti en guerre contre une réforme des retraites trop comptable et trop injuste à ses yeux. Il est celui qui exige toujours plus de concessions de la part d’Elisabeth Borne. C’est son choix et c’est même son droit. Mais le problème est que l’on sait que le vote du projet de loi se jouera ric-rac. Pradié est conscient de jouer la dissuasion du faible au fort. Songez qu’il peut davantage infléchir la réforme, voire la vider de son sens, que deux millions de manifestants.

 

La droite reprochait à Emmanuel Macron de ne pas faire de réformes difficiles

Peut-on dire qu’il dicte sa position à l’ensemble des Républicains ? Il ne la dicte pas, mais il la tord au point qu’on finit par ne plus reconnaître une droite qui, à toutes les élections récentes, réclamait la retraite à 65 ans. Une droite qui depuis près de six ans, accusait Emmanuel Macron de ne pas avoir le courage de faire des réformes difficiles, de ne pas se soucier suffisamment de l’équilibre des finances publiques. Et une droite qui aujourd’hui, n’a de cesse de revoir à la baisse la copie gouvernementale puisque toutes ses exigences, toutes, coûtent de l’argent et renvoient à plus tard le retour à l’équilibre du régime des retraites. Si LR joue les moins-disant, c’est par crainte d’une nouvelle division interne qui lui serait cette fois fatale. Mais ce qui peut être tout autant fatal à LR c’est l’abandon de son ADN réformateur et gestionnaire.

 

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Que pèse Aurélien Pradié au sein des Républicains ? Il est minoritaire, mais pas isolé. Minoritaire parce qu’on l’a dit, il est arrivé dernier à la primaire pour la présidence du parti. Mais pas isolé car sur 62 députés LR, il y en aurait une quinzaine, voire une vingtaine qui, comme lui, refuseraient de voter la réforme des retraites dans sa rédaction actuelle. C’est dire si leur pouvoir de nuisance est fort. C’est dire aussi que l’unité de LR est en danger. Gérard Larcher et d’autres montent au créneau pour que la droite ne se déjuge pas sur les retraites. Certains réclament que Pradié soit démis de sa fonction de numéro deux du parti. La turbulence est forte. Tout cela fait parler d’Aurélien Pradié et cela plait beaucoup à l’intéressé. Mais cette notoriété personnelle pourrait coûter très cher aux retraites.

Guillaume Tabard

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