Réforme des retraites à l’Assemblée : L’erreur tactique de LR

NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Alors que l’examen du projet de réforme des retraites se poursuit à l’Assemblée nationale, son destin est entre les mains de quelques députés LR qui hésitent toujours à le voter. La droite est en train de commettre une lourde erreur politique.

 

Jean-François Copé : « Certains dans nos rangs défendent les idées du PS »

Il y a neuf mois, pendant la campagne présidentielle, toute la droite défendait le report de l’âge légal à 65 ans. Ce n’était pas il y a dix ou quinze ans, c’était il y a seulement neuf mois. Et aujourd’hui les députés LR, cul par-dessus tête – si j’ose dire – font de la politique à front renversé. Ils critiquent une réforme trop brutale, injuste. Elle ne tient pas suffisamment compte des carrières longues et de la pénibilité. Un comble qui pousse Jean-François Copé à s’exclamer dans les colonnes du Parisien : « Certains dans nos rangs défendent les idées du PS » ! Alors, pourquoi cette situation ubuesque ? Parce que les Républicains sont torturés, obsédés par un questionnement stratégique. Faut-il voter la réforme d’Emmanuel Macron et apparaître comme des soutiens ? Ou bien faut-il s’assoir sur ses convictions pour lui infliger un revers et préserver une étiquette d’opposants en attendant la prochaine élection ? C’est cette controverse tactique dont les Républicains ne parviennent pas à se sortir et qui explique, au fond, tous leurs atermoiements. Pendant ce temps-là, les Français en général, leurs électeurs en particulier, les regardent et LR perd des plumes.

 

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Ces tergiversations ne sont pas de nature à sortir LR de son problème de leadership, c’est le moins qu’on puisse dire. D’abord, l’autorité d’Eric Ciotti est sapée par Aurélien Pradié, qui ne se comporte pas avec le gouvernement comme un négociateur mais comme un maître-chanteur. Celle du président du groupe Olivier Marleix ne s’est à ce stade pas encore exprimée, en tout cas, il n’y a pas de témoin ! Et puis il y a Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez. Le premier se décrédibilise en s’opposant à une réforme qu’il défendait lui-même quand il était candidat à la primaire. Le second, aux abonnés absents, pense qu’il vaut mieux ne rien dire car il n’y a que des coups à prendre. Attention, à force, les Français vont finir par l’oublier. Bref : divisions, crise d’autorité, incohérences de fond. Même si à la fin LR finit par voter cette réforme, l’épisode laissera des traces à droite, et pour longtemps.

David Doukhan

 

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