Réforme des retraites : Bras de fer entre le RN et la Nupes à l’Assemblée nationale

Christophe Ena/AP/SIPA

Ce lundi 6 février marquait l’ouverture du débat parlementaire sur les retraites. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce coup d’envoi s’est fait dans la pagaille. Mais alors pourquoi et à cause de qui ?

 

La Nupes en colère après le tirage au sort de la motion référendaire du RN

On s’en souviendra, de cette première heure dans l’hémicycle. On s’attendait à une grande, vigoureuse, mais belle bataille parlementaire sur la réforme des retraites. Il a fallu subir une querelle de chiffonniers sur l’article 122 du règlement de l’Assemblée nationale : rappels au règlement, suspensions de séances, broncas pour empêcher Olivier Dussopt, le ministre du Travail, de prendre la parole… On a pu assister au spectacle le plus caricatural qui soit, à ces joutes de procédure qui donnent la pire image de l’hémicycle. Gérald Darmanin avait mis en garde contre une gauche cherchant à « bordeliser » le débat politique. Et bien la Nupes s’est surpassée.

 

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Mais qu’est-ce qui a provoqué ce tumulte ? Qu’est-ce qui a justifié cet imbroglio autour d’une motion référendaire ? Pour comprendre, il faut faire un peu de procédure. Sur un texte, il peut y avoir des motions de censure. Mais on ne peut débattre que d’une seule motion de rejet et d’une seule motion référendaire. Alors quand plusieurs groupes en déposent, que fait-on ? Pour la motion de rejet, le règlement stipule que l’on doit tire au sort. C’est ce qui s’est passé sur les retraites et c’est LFI qui a gagné. Mais pour une motion référendaire, une motion qui décide de soumettre le projet de loi au référendum, le règlement ne dit rien. Alors, au nom du parallélisme des formes, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a fait voter le tirage au sort. Et là, c’est le RN qui a gagné. Cela n’a pas plu du tout à la gauche qui n’accepte le tirage au sort seulement quand elle le gagne. Résultat, pendant une heure, on n’a pas parlé des retraites, la majorité et la gauche se sont accusées mutuellement de faire le jeu du Rassemblement national.

 

Le RN a choisi de ne défendre que 75 amendements, contre 18.000 pour la Nupes

Cet épisode fut une aubaine pour Marine Le Pen. Elle voulait montrer que le sectarisme était du côté de la Nupes. Et cet objectif a été atteint : « Vous voulez vraiment empêcher cette réforme des retraites en permettant aux Français de trancher eux-mêmes par référendum ? Eh bien, votez notre motion, comme nous aurions été prêts à voter la vôtre. Et si vous ne le faites pas, ce sera la preuve que votre opposition à la réforme des retraites s’arrête là où commence votre sectarisme politique ». Or si la Nupes veut bien des voix du RN, elle ne veut pas apporter ses voix quand c’est le RN qui tient la plume.

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Ajoutez à cela que le parti lepéniste a choisi de ne défendre que 75 amendements quand les mélenchonistes en ont rédigé 18.000, Marine Le Pen a beau jeu de faire remarquer que l’obstruction de la Nupes aura pour seul effet d’empêcher un vote sur le projet de loi. Une fois de plus, la finaliste de la présidentielle est, à peu de frais, dans la posture de la responsabilité quand la gauche mélenchonisée offre le spectacle d’une guérilla qui n’aboutit à rien.

Guillaume Tabard

 

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