Si en France, les quotidiens ont tourné ce matin la page de la réforme des retraites, dans la presse européenne, les mobilisations suscitent plutôt les sarcasmes.
« Il y a des choses qui ne changent jamais en France. On perd des guerres et on fait la grève »
Henri Vernet du Parisien a dressé ce tour d’Europe de la presse : les observations de nos voisins balancent entre étonnement, incompréhension et agacement à propos des mouvements de protestation contre la réforme des retraites. Il cite par exemple notre consœur du magazine britannique The Economist, Sophie Pedder, qui égrène ironiquement les raisons de ne pas se lamenter : « Un taux de croissance supérieur à celui de l’Allemagne, une inflation inférieure à la moyenne des pays de la zone euro et un chômage à son plus bas niveau depuis 2011 ». Anais Ginori de La Reppublica rappelle qu’en Italie l’âge de départ à la retraite est de 67 ans et que, quand certains en France proposent un retour à la retraite à 60 ans, « cela paraît lunaire » pour les Italiens. En Allemagne, où l’âge de la retraite va être porté à 67 ans, Matthias Kruppa de Die Zeit s’étonne que les arguments du rééquilibrage d’un régime prochainement endetté et du déséquilibre démographique ne prennent pas en France, alors que les Allemands les ont acceptés depuis plus de 20 ans. Le mot de la fin est pour la BBC, digne représentante de la perfide Albion, qui titrait après les manifestations du 19 janvier : « Il y a des choses qui ne changent jamais en France. On perd des guerres et on fait la grève ».
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Les Français sont plutôt heureux au travail, selon une étude de l’Institut Montaigne
Selon une étude de l’Institut Montaigne citée par Les Echos, 77% des 5.000 actifs interrogés se disent satisfaits de leur travail avec un degré de satisfaction supérieur ou égal à 6 sur 10. L’enquête montre également que le fameux « droit à la paresse », l’idée à la mode en ce moment, est loin d’être plébiscitée par les actifs. Preuve en est, la durée du travail ne diminue plus depuis 2004 et que 3 Français sur 5 travaillent souvent le week-end. Si plus de 30% des sondés se disent prêts à « travailler plus pour gagner plus » ils ne sont que 15% à se déclarer prêts à « travailler moins, quitte à gagner moins ». Dans son éditorial, Jean-Francis Pécresse constate « qu’il n’y a donc pas de grande flemme française et que ce n’est pas dans une prétendue répulsion à l’égard du travail qu’il faut chercher les raisons pour lesquelles les Français rejettent le report de l’âge légal de la retraite à 64 ans ». L’éditorialiste des Echos souligne avec à propos que « La représentation collective de l’enfer du travail que font les syndicats ne colle pas à la somme des réalités individuelles ».
Philippe Gault