Réforme des retraites : Après une mobilisation en baisse, la manifestation du 11 février sera cruciale

CELINE BREGAND/SIPA

Il y avait un peu moins d’opposants à la réforme des retraites dans les rues ce mardi 7 février, que la semaine dernière. Comment les syndicats et les politiques vont-ils réagir ?

 

La CGT a annoncé près de 2 millions de personnes sur toute la France

Il est un peu tôt pour tirer des conclusions car il y a une autre étape importante et inédite de la mobilisation contre la réforme des retraites. C’est la manifestation de samedi 11 février. Mais sur les journées « classiques » si l’on peut dire, celles qui ont lieu en semaine, oui, hier, il y a eu un recul et un recul substantiel. Même la CGT a annoncé près de deux millions de personnes sur toute la France – ce qui est déjà sans doute très arrondi – alors qu’elle avait affiché près de trois millions de personnes la semaine dernière. Alors on peut dire que cela fait encore beaucoup de monde, et c’est vrai. Mais la caractéristique de ce genre de mouvement est que, à la hausse ou à la baisse, à partir de la troisième fois, ce que l’on retient c’est la tendance. Clairement, les syndicats ont été au bout de la logique du rouleau compresseur de la rue.

 

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C’est en partie une bonne nouvelle pour le gouvernement. En partie seulement, car la force d’une manifestation est indexée sur son impact symbolique, d’autant que l’opinion en général, suit la tendance. Quand on passe de l’exceptionnel au rituel et que la dynamique ne suit pas, l’opinion se laisse moins impressionner. Et ca, c’est une bonne nouvelle pour le gouvernement. Conscients de cette limite, les syndicats vont chercher autre chose. C’est le sens des mots de Philippe Martinez et d’autres responsables syndicaux. Ils appellent à « durcir » le mouvement, c’est-à-dire mettre en place des blocages. On pense aux transports, aux raffineries, à l’école. Donc cela peut être brutal, violent, et peut être très pénalisant pour les usagers, pour les citoyens, pour les élèves. Cela peut accroître la tension dans la société et  peut donc s’avérer périlleux pour le gouvernement. Mais que les organisateurs en soient à envisager cette bascule, c’est aussi l’aveu d’un déclin quantitatif en quelque sorte, qui oblige à rechercher du « qualitatif », si l’on peut dire.

 

Jean-Luc Mélenchon est le premier politique à avoir réclamé des manifestations le week-end

La prochaine manifestation aura lieu ce samedi 11 février. Qu’est-ce que cela change ? Ce sera une démarche plus politique dans la mesure où elle a été voulue aussi par les politiques. Les syndicats eux, savent organiser et contrôler des manifestations de semaine qui reposent sur leurs cadres ou sur des salariés, essentiellement de la fonction publique et qu’ils connaissent. C’est Jean-Luc Mélenchon le premier à avoir réclamé des manifestations le week-end. Il en a d’ailleurs fait une en janvier qui a été un vrai flop.

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Son idée est que l’on sorte du seul salariat syndiqué pour entrer dans une sorte de soulèvement populaire général. Cette fois, pour les syndicats, cela aide aussi à faire venir des salariés qui n’auront pas à poser un jour de grève ou de congé pour manifester. Ce qui est sûr, c’est que la gauche va davantage revendiquer le succès de la manifestation de samedi. Mais revendiquer son succès voudra aussi dire assumer son éventuel échec…

Guillaume Tabard

 

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