Réforme des retraites : Pourquoi l’examen à l’Assemblée n’avance pas

Jacques Witt/SIPA

Les débats font rage à l’Assemblée depuis lundi sur le projet de réforme des retraites. Ils sont rudes, parfois violents mais surtout très lents.

 

Sandrine Rousseau : « Oui, nous faisons de l’obstruction »

Après trois jours d’examen, les députés viennent seulement de commencer à se pencher sur l’article 2. Je rappelle que le texte en compte 20. A ce rythme-là, on risque de se retrouver dans une situation étonnante, pour ne pas dire ubuesque : l’article 7, celui qui reporte l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans pourrait ne pas être examiné faute de temps puisque, c’est la loi, les débats ne pourront pas se poursuivre au-delà du 17 février. On assiste jusque tard dans la nuit à des scènes absurdes : des députés aux yeux cernés écoutent leurs collègues défendre des amendements qui se suivent et se ressemblent à la virgule près. C’est une technique politicienne vieille comme le palais Bourbon, cela s’appelle l’obstruction parlementaire. Résultat, on aura, par exemple, passé des heures pour savoir s’il fallait examiner la première, la deuxième ou la troisième motion de rejet, s’il fallait ou pas en passer par un tirage au sort, ce dont franchement, les Français se fichent, et on risque de ne pas aborder le report de l’âge dont nos compatriotes parlent tous les jours au bistrot ou en famille.

 

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Les responsables de cette situation, c’est clair, ce sont les membres de la Nupes, et en particulier les Insoumis. La gauche a déposé 18.000 amendements dont 13.000 par les seuls Insoumis. Sandrine Rousseau l’a carrément avoué en commission la semaine dernière : « oui nous faisons de l’obstruction ». Qu’il y ait du brouhaha ou du chahut, à la limite, ce n’est pas grave, les Français sont habitués à avoir un chaudron en guise d’Assemblée. Mais si LE principal sujet de préoccupation des Français, dont on parle partout depuis des mois est escamoté, alors ce serait grave. Nos concitoyens ne le pardonneraient pas à leurs élus, en particulier à ceux qui manient l’obstruction, et ils auraient raison. Cela ne ferait que creuser le fossé béant qui sépare de plus en plus les Français de leurs représentants. Ces députés ont été élus en juin avec une abstention de 54%. Avec ce genre de comportement, les Français risquent d’être plus nombreux encore à bouder les urnes la prochaine fois.

David Doukhan

 

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