TotalEnergies a affiché l’an dernier le bénéfice le plus élevé de son histoire. 20,5 milliards dollars ! Des profits record vivement critiqués par certains. Une polémique déplacée.
TotalEnergies va réinvestir 16 à 18 milliards d’euros en 2023
Ce débat est à la fois irrationnel et révélateur d’un tabou français ! Alors, bien sûr, TotalEnergies a bénéficié l’an dernier de circonstances exceptionnelles. Les prix du pétrole ont flambé en raison des sanctions imposées par les Occidentaux à la Russie et tous les groupes pétroliers ont vu leurs profits s’envoler. Mais en quoi cela serait-il un problème ? Qui a reproché à Pfizer d’avoir gagné énormément d’argent grâce au vaccin anti-Covid développé, non pas par ses chercheurs, mais dans les laboratoires de son allié BioNTech ? Et puis surtout, une partie importante des profits de TotalEnergies va être réinvestie. 16 à 18 milliards d’euros au final en 2023, dont près d’un tiers sera consacré aux énergies renouvelables. Ces sommes vont donc créer des emplois et contribuer à la transition énergétique. Qui dit mieux ?
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L’actionnariat en France reste désespérément limité
Une partie significative de ces profits va être retournée aux actionnaires et c’est ce qui alimente les reproches faits à TotalEnergies. Quoi de plus normal que de rémunérer les investisseurs qui financent une entreprise ? C’est le prix du risque qu’ils encourent en achetant des actions. Surtout, cette critique a quelque chose de paradoxal en plein débat sur la réforme des retraites. Car ce sont les mêmes qui s’offusquent aujourd’hui des généreux dividendes de TotalEnergies et qui depuis trente ans font barrage à l’introduction en France de la retraite par capitalisation. Ces fonds de pension à la française pourraient précisément financer nos pensions en récoltant une partie de la manne distribuée par TotalEnergies et les autres champions français. Plutôt que de montrer régulièrement du doigt les profits de nos grandes entreprises et de chercher à les taxer encore un peu plus, nous ferions mieux de nous en réjouir et de briser un tabou anachronique afin de renforcer enfin un actionnariat hexagonal qui reste désespérément limité.
François Vidal