Olivier Dussopt insulté par Aurélien Saintoul : La Nupes annonce le retrait d’un millier d’amendements

Jacques Witt/SIPA

A trois heures d’intervalles, un député LFI a traité Olivier Dussopt d’ « assassin » et la Nupes a annoncé le retrait d’un millier d’amendements. Comment comprendre cette séquence ?

 

Aurélien Saintoul a commis une faute grave pour LFI

C’était encore une journée folle à l’Assemblée nationale. En annonçant dans la soirée le retrait d’un millier d’amendements, la Nupes reviendrait-elle un peu à la raison ? Aurait-elle finalement décidé de s’inscrire dans un débat de fond sur la réforme des retraites ? Ce serait naïf de la croire. La Nupes a simplement été acculée à faire un pas en arrière dans sa stratégie d’obstruction parce que l’un des siens a été trop loin, beaucoup trop loin. Aurélien Saintoul a traité Olivier Dussopt d’ « assassin » sous prétexte d’une augmentation des accidents au travail et après de nouvelles minutes arrachées au débat pour régler cette affaire, Elisabeth Borne a demandé à la fois la fin des « insultes » et le retrait d’amendements afin de ne pas retarder plus encore l’examen du texte. La faute était tellement manifeste, tellement grave, que cette fois, LFI n’avait plus d’autre solution que de faire profil bas. Ce furent les excuses du député des Hauts-de-Seine – c’était bien le moins – puis, l’annonce du retrait d’un millier d’amendements.

 

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Mais est-ce pour autant l’amorce d’un déblocage du débat ? Ne parlons pas trop vite. La vraie nature de LFI, ce n’est pas ce geste d’apaisement, c’est l’outrance et la haine qui conduisent un jour un député à poser le pied sur un ballon à l’effigie d’Olivier Dussopt, façon tête décapitée, et un autre jour un autre député à traiter le même Dussopt d’assassin. Même avec des excuses, on frémit qu’une telle violence verbale soit possible. Au-delà de l’indignation devant une telle attitude, Aurélien Saintoul a commis une faute grave pour son parti.

 

Philippe Martinez de la CGT affirme que ne pas avancer sur la discussion des articles était une erreur

Après l’incident de Thomas Portes – avec le ballon – LFI avait fait bloc autour de lui et le reste de la gauche était embarrassée, critiquant le geste de leur collègue mais sans approuver la sanction dont il avait fait l’objet. Là, l’accusation de Saintoul était trop ignoble pour que quiconque à gauche ne la condamne pas avec la plus grande netteté. Pour les communistes, les socialistes et les écologistes, il n’était plus possible de ne pas voir les dérives de leur puissant allié. Sans pas en arrière de LFI, la Nupes risquait l’explosion. Et donc, par conséquence, de perdre la bataille politique sur les retraites. Les mélenchonistes désormais n’ont plus le choix qu’entre donner des gages concrets d’un retour à un minimum de raison ou se discréditer et se déshonorer définitivement.

 

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Va-t-on désormais vers une discussion d’ici à vendredi de l’article 7, celui qui reporté l’âge de départ de 62 à 64 ans ? C’est possible, ce n’est pas encore acquis. Outre sa cohésion, il y a une autre raison qui peut pousser la gauche à sortir de l’obstruction, c’est la condamnation de cette stratégie par les syndicats. Laurent Berger a parlé de « connerie » et Philippe Martinez a aussi dit que ne pas avancer sur la discussion des articles était une erreur. Or, la gauche se voit en relais politique de la contestation sociale. Cette stratégie de la gauche menaçait de se retourner contre elle.

Guillaume Tabard

 

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