Cinq semaines après son coup d’envoi, la bataille de la réforme des retraites semble avoir basculé dans une guerre d’usure. Un tableau trompeur.
L’intersyndicale menace de mettre la France à l’arrêt à partir du 7 mars
Les semaines se suivent et se ressemblent. Dans la rue, les défilés se succèdent dans le calme avec une fréquentation en léger recul, mais toujours à un niveau élevé, tandis que le Parlement offre un spectacle désolant orchestré par des élus LFI irresponsables, dont l’objectif affiché est de rendre impossible tout débat sur le fond de la réforme. Pourtant, les lignes ont commencé à bouger ces derniers jours. D’abord, la pression mise sur les députés LR, frondeurs la semaine dernière, montre qu’une majorité se dessine pour approuver le texte au-delà du camp présidentiel. Quant au camp de l’opposition à la réforme, il se divise de plus en plus ouvertement sur la question de l’obstruction parlementaire. Le patron de La CFDT, Laurent Berger l’a même qualifié de « connerie » hier, espérant que le débat à l’Assemblée qui se termine ce vendredi 17 février, puisse aborder le fameux article 7, qui repousse l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.
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Sur le fond, les points de vue restent cependant irréconciliables. Et ils le resteront jusqu’au bout. D’autant que le gouvernement ne peut pas lâcher sur les 64 ans au risque de dénaturer sa réforme et qu’il a déjà fait de nombreuses concessions sur les carrières longues et le minimum vieillesse notamment. Mais si la discussion s’enclenche au Parlement, des avancées semblent encore possibles sur l’emploi des seniors et les femmes en particulier, deux sujets au cœur de la mobilisation du week-end. On ne l’exclue pas en tout cas, dans le camp présidentiel. De quoi satisfaire une opinion publique qui souhaite toujours majoritairement qu’un compromis émerge à l’Assemblée et redorer ainsi l’image du gouvernement. De quoi offrir aussi une porte de sortie aux opposants réformistes, comme la CFDT notamment, alors que le mot d’ordre lancé par l’intersyndicale de mettre la France à l’arrêt à partir du 7 mars risque de les piéger dans un affrontement sans issue. Le compte à rebours est lancé.
François Vidal