C’est aujourd’hui la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Nous verrons ce soir s’il y a du monde dans les rues, mais les syndicats prévoient surtout de durcir leur mouvement à partir du mardi 7 mars.
75% des personnes interrogées par BVA pensent que la réforme des retraites sera adoptée
A partir du 7 mars, l’intersyndicale se donne pour objectif de mettre « la France à l’arrêt ». La CGT appelle à la grève reconductible à la RATP et dans les raffineries notamment. Pourquoi cette date ? D’abord pour laisser les Français souffler un peu pendant les vacances d’hiver. Les grévistes, qui veulent rester populaires, font une sorte de pause dans la grève. Mais cette date est aussi choisie pour peser autant que possible sur le parlement. Car si le gouvernement n’a pas déclenché le 49.3 d’ici là, ce qui est l’hypothèse la plus probable, le projet de loi sera début mars au Sénat, avant de revenir, après une Commission Mixte Paritaire, à l’Assemblée nationale pour un vote solennel autour du 16 mars. Entre le 7 et le 16 mars il y a 9 jours. 9 petits jours pendant lesquels les syndicats vont vouloir mettre la pression la plus forte possible sur les députés dans l’espoir d’en faire trembler suffisamment pour que le texte à la fin soit rejeté.
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Il faut dire que l’opinion publique est toujours massivement hostile au passage à 64 ans. Mais au matin d’une cinquième journée de grève, l’opposition à la réforme est en train de s’éroder. Selon un sondage BVA publié hier, 55% des Français considèrent qu’il ne faut pas la mettre en œuvre. C’est 5 points de moins qu’il y a deux semaines, et 66% approuvent la mobilisation dans la rue, c’est 6 points de moins par rapport à début février. Peut-être que le manque de tenue des députés insoumis à l’Assemblée a eu un effet démobilisateur, et que quand le forum se fait barnum, les gens se détournent du débat. Mais surtout, 54% des personnes interrogées pensent qu’un durcissement du mouvement ne va pas conduire le gouvernement à retirer son projet, et 75% pensent que la réforme sera adoptée. Depuis le début, toute la stratégie des syndicats repose sur le soutien de l’opinion publique. C’est avec des sondages favorables sous le bras qu’ils pensent pouvoir effrayer les députés et obtenir un rejet du texte. Pour la première fois depuis le début du mouvement, la tendance n’est pas de nature à les faire sourire.
David Doukhan