Bras d’honneur de Dupond-Moretti : Pourquoi parle-t-on encore de ce geste ?

Gabrielle CEZARD/SIPA

Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice a fait deux bras d’honneur à l’Assemblée mardi. Alors que la semaine se termine, pourquoi la page a-t-elle du mal à se tourner ?

 

Olivier Marleix, le président du groupe LR, était visé par ce geste

On pourrait dire, en voyant les images, que l’impression est moins violente qu’elle n’y paraît, même si cela n’excuse en rien le garde des Sceaux. La page n’est pas tournée parce qu’ Elisabeth Borne a décidé de faire savoir à l’AFP qu’elle avait appelé son ministre de la Justice pour lui dire qu’un tel comportement « n’avait pas sa place dans l’hémicycle ». La Première ministre aurait pu chercher à tourner la page au plus vite, mais elle a préféré surligner l’incident. De plus, les oppositions ne se privent pas d’exploiter cette faute. Olivier Marleix – le président du groupe LR – qui était de facto visé par cette réponse gestuelle, a demandé à Elisabeth Borne de ne pas laisser sans suite ce qu’il a qualifié d’« insulte à la représentation nationale », en rappelant que si un député avait fait ça, il aurait été passible de lourdes sanctions.

 

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Mais au-delà de son caractère inapproprié, ce bras d’honneur peut-il avoir des conséquences politiques ? Il n’a échappé à personne qu’il y a une loi sur les retraites qui n’est pas facile à faire adopter. Pour éviter d’être obligée de recourir au 49.3, la Première ministre est dans l’obligation de décrocher une claire majorité de votes favorables au sein du groupe LR. On peut facilement se dire que faire un bras d’honneur à leur président n’est pas tout à fait le meilleur moyen pour obtenir leur soutien.

 

 

Une loi de programmation arrive en Conseil des ministres en avril

En plus de cela, depuis le début de la législature et depuis le début du débat sur les retraites, la majorité et le gouvernement n’ont eu de cesse de dénoncer, à juste titre, l’attitude violente, brutale, insultante de la Nupes. La force de ce reproche a pour corollaire un comportement irréprochable. Maintenant chaque fois que les macronistes vont reprocher leurs mots ou leurs gestes aux mélenchonistes, ceux-ci auront beau jeu de rappeler le bras d’honneur de Dupond-Moretti. On comprend que cela agace passablement Elisabeth Borne. Alors, cela pourrait-il conduire à une démission ou à un renvoi d’Eric Dupond-Moretti ? A court terme, je ne crois pas, même si dans la chaleur de cette folle journée de mardi, certains députés de la majorité assurent l’avoir entendu dire : « je pars remettre ma démission au président ». Ensuite, il est au milieu d’un gros chantier de la justice avec une loi de programmation qui arrive en Conseil des ministres en avril et qui doit être votée avant l’été. Un départ ajouterait de la confusion.

 

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On est globalement dans un moment de grande fébrilité concernant l’exécutif. Les supputations sur un remaniement post-retraites vont bon train et beaucoup dans la majorité le mettent dans la liste des maillons faibles plutôt que des maillons forts. Mercredi, en Conseil des ministres, il y a eu une autre passe d’armes entre Borne et Dupond-Moretti. Et ça s’est su. S’il devait y avoir un changement de ministre à chaque moment de tension, ce serait le remaniement permanent. Nous n’en sommes pas encore là.

Guillaume Tabard

 

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