Retraites : « L’exécutif applique l’adage : les chiens aboient, la caravane passe » selon Jérôme Fourquet (IFOP)

FRED SCHEIBER/SIPA

Au lendemain d’une sixième journée d’action des syndicats contre la réforme des retraites, Jérôme Fourquet directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP était l’invité de la matinale de Guillaume Durand ce mercredi 8 mars. Il assure que l’exécutif fait le dos rond en attendant de faire aboutir le texte.

 

« Tant que les syndicats ne font pas la démonstration de leur capacité à bloquer le pays, le gouvernement va faire le dos rond »

Olivier Véran le porte-parole du gouvernement assure que « la porte est plus qu’ouverte » aux syndicats, après une nouvelle journée de mobilisation très suivie contre la réforme des retraites. Est-ce le signe que l’exécutif fait un pas en arrière ? Selon l’analyste politique Jérôme Fourquet, le gouvernement attend surtout de voir la suite, alors que deux autres journées de mobilisation sont annoncées, notamment le samedi 11 mars : « il y a une forte mobilisation, c’est le premier indicateur pour évaluer le rapport de force. Mais les sondages n’ont pas bougé depuis janvier, et même avant l’annonce de la réforme, plus de 2/3 des Français y sont opposés ». Toutefois, il pointe « un 3ème axe à regarder, la capacité des syndicats à susciter le blocage du pays. Or on n’y est pas du tout », poursuit Jérôme Fourquet, estimant que « l’exécutif, quoi qu’il en dise, a décidé d’appliquer l’adage +les chiens aboient, la caravane passe+ ». Olivier Véran affirme que la porte du gouvernement est ouverte aux syndicats, une manière de montrer qu’il est à l’écoute, analyse Jérôme Fourquet, mais « tant que les syndicats ne font pas la démonstration de leur capacité à bloquer le pays, le gouvernement va faire le dos rond sur ces journées d’action successives et va essayer de soutenir le processus parlementaire en cours pour faire aboutir le texte ». Un parcours chaotique : le projet de réforme actuellement examiné au Sénat fait l’objet de débats très tendus, qui ont entraîné plusieurs suspensions de séance.

 

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Deux tiers des Français pensent que la réforme des retraites ira jusqu’au bout

Parmi les autres indicateurs à suivre, selon le directeur du département « opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP, celui du pronostic des Français : « 2/3 d’entre eux considèrent que la réforme va aller au bout [et] le pouvoir d’achat est de très loin la priorité des Français. On comprend que la mobilisation, même si elle est importante, ne passera pas en termes de saut qualitatif ». C’est sans doute ce qui explique l’annonce d’une prochaine manifestation le samedi, souligne Guillaume Durand, « puisque le samedi on ne travaille pas, et que [les syndicats] peuvent espérer davantage de monde dans les rues ». Un avis que partage Jérôme Fourquet, pour qui ces considérations ont aussi présidé au fait que les journées d’actions soient étalées dans le temps : « les syndicats ont des capteurs auprès de la base et savent qu’elle ne serait pas toujours en capacité de se lancer dans un mouvement de manière reconductible et massive ». Il y voit une différence majeure avec le grand mouvement social de 1995. « Aujourd’hui, on a certes des journées de grève ou des actions ponctuelles, mais on n’est plus du tout dans le même rapport de force qui prévalait à l’époque », affirme Jérôme Fourquet.

Béatrice Mouedine

 

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