Une fois est bien coutume. Après s’être déjà mis ses partenaires de gauche à dos sur les questions internationales cet été, le parti LFI s’est une nouvelle fois attiré les foudres de ses camarades lors de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée.
Le PS, le PCF et EELV feront leur maximum pour débattre le plus possible du texte au Sénat
La Nupes se fracture une nouvelle fois et toujours à cause des Insoumis. En cause, l’obstruction parlementaire massive orchestrée par les mélenchonistes, qui ont refusé de retirer leurs milliers d’amendements malgré les injonctions venues de l’intersyndicale dans la rue, mais aussi celles de leurs voisins sur les bancs communistes. Les Insoumis ont préféré bloquer les discussions et empêcher leurs collègues députés d’achever la lecture de l’article 3. Loin, très loin, donc, du fameux article 7 sur le report de l’âge légal. C’est sans parler bien sûr des 20 que compte le texte au total. Une stratégie controversée, mais que LFI ne regrette pas. Au contraire : le parti a même publié un communiqué pour inviter le Sénat à les imiter la semaine prochaine.
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Mais la réponse a été : il n’en est pas question. D’abord parce que le président LR de l’institution, Gérard Larcher, confirme à qui veut l’entendre qu’il compte bien aller jusqu’au vote final. Mais aussi parce que le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner a assuré que le PS, le PCF et EELV feraient leur maximum pour débattre le plus possible du texte. Autrement dit, ne comptez pas sur eux pour reproduire le désolant spectacle des dernières semaines, qui pourrait laisser des traces au sein de la Nupes. Au point de remettre en question la perspective – déjà peu probable, certes – d’une liste commune aux sénatoriales de septembre, mais aussi – et c’est plus étonnant – aux européennes de 2024. Deux scrutins auxquels ils envisagent donc pour l’instant de partir séparément. À moins que des sondages ne les en dissuadent, comme cela s’est déjà produit cette semaine.
Pour les Français, le RN incarne le mieux l’opposition à la réforme des retraites
Je fais allusion à une étude parue dimanche dans Le JDD et qui a fait beaucoup de mal à la Nupes. Il s’agit d’une enquête de l’Ifop, dans laquelle on découvre qu’après l’intersyndicale, c’est bien le RN qui incarne le mieux l’opposition à la réforme des retraites aux yeux des Français. Le parti nationaliste devance la gauche d’une courte tête, et voit sa stratégie de la normalisation couronnée de succès. Davantage, en tout cas, que la « bordelisation », sanctionnée par le pays. Au grand désarroi de Sandrine Rousseau, qui s’en est publiquement étonnée, mais au grand bonheur de Marine Le Pen, qui s’en est, elle, félicitée.
Arthur Berdah
