Retraites : « On ne peut pas refuser de travailler 2 ans de plus et vouloir des services publics qui fonctionnent » assure Nicolas Bouzou

Chang Martin/SIPA

L’économiste Nicolas Bouzou était l’invité de Guillaume Durand dans la matinale de Radio Classique, ce lundi 20 février. L’auteur du livre La France de l’à-peu-près aux éditions de l’Observatoire décrit un pays qui a les atouts pour viser l’excellence, mais qui est nivelé par le bas.

 

Nicolas Bouzou : « On fait la pire politique possible alors qu’on a des atouts extraordinaires »

Nicolas Bouzou s’insurge contre le discours ambiant d’une France « qui chute ». Il assure que le pays « à force de ne plus viser l’excellence, de ne pas se donner les moyens de ses ambitions, connaît des problèmes majeurs dans la santé, l’éduction et l’énergie ». Il pointe le cas d’EDF, qui vient de publier des résultats négatifs, à l’inverse de la plupart des grands groupes du CAC40. Or la France a d’importants atouts, notamment le nucléaire. Selon l’économiste, « si on a délaissé la filière, c’est que François Hollande, [lorsqu’il était président], a signé un accord avec [l’écologiste] Cécile Duflot. Il n’a pas été remis en cause par Emmanuel Macron qui voulait Nicolas Hulot comme ministre de l’Ecologie ». Un choix politique désastreux pour l’actuel chef de l’état, puisque le membre du gouvernement avait démissionné avec fracas, rappelle Guillaume Durand. « On fait la pire politique possible alors qu’on a des atouts extraordinaires », poursuit l’invité des Stars de l’info. Selon Nicolas Bouzou, « il ne manque pas grand-chose à la France [pour réussir], il y a une marche à monter, mais pour cela, il faut retrouver cette ambition de l’excellence et arrêter ce nivellement par le bas ».

 

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« À l’hôpital, il manque des gens pour travailler, tout comme dans les transports, et à EDF »

Il prend l’exemple notamment du numérique : « on ne peut pas dire que [la France] soit allée dans la mauvaise direction. Mais on ne va pas suffisamment loin pour produire des résultats. Le pays est devenu une start-up nation, on est piégé. Cela veut dire que notre écosystème du numérique [est composé] d’entreprises de taille modeste et il n’y en a pas beaucoup en Europe qui soient de nature à dominer le monde du point de vue technologique ». Dans ce contexte, les Français se plaignent « à juste titre », souligne l’économiste : « ils trouvent que les salaires sont trop bas et ils ont raison, [ils disent aussi] que le système de santé était le meilleur au monde il y a 20 ans, et aujourd’hui ce n’est plus le cas ». Ces critiques sont légitimes selon Nicolas Bouzou, qui analyse ainsi le malaise actuel : « les Français veulent un pays d’excellence, par exemple en matière de services publics. Mais on ne s’en donne pas les moyens. On ne peut pas dire qu’on refuse de travailler collectivement 2 ans de plus, et de l’autre vouloir une éducation, un hôpital et des services publics qui fonctionnent ». Il explique que ça n’est pas possible pour une raison simple : « À l’hôpital, il manque des gens pour travailler, tout comme dans les transports, et à EDF ».

Béatrice Mouedine

 

 

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