Beaucoup d’observateurs – et pas toujours les plus honnêtes – ont fait semblant d’interpréter la défaite de François Fillon, en 2017, comme l’échec du courant libéral-conservateur que l’ancien Premier ministre incarnait à l’époque. Un raccourci erroné, que la droite ne cesse de payer depuis. Quelles lignes vont désormais adopter Les Républicains ?
Aurélien Pradié démis de son poste de vice-président exécutif de LR
Tant que l’héritier le plus évident de ce subtil équilibre, à savoir David Lisnard le maire de Cannes, ne décidera pas de se lancer officiellement dans la course, LR continuera de tenter d’autres attelages pas toujours judicieux. C’est le cas du couple formé entre 2018 et 2019 par Laurent Wauquiez et François-Xavier Bellamy, l’un à la tête du parti, et l’autre tête de liste aux européennes avec le succès que l’on connaît. C’est la même chose pour la stratégie plus gestionnaire adoptée ensuite par Christian Jacob, et qui a eu pour seul mérite de rassembler artificiellement son camp jusqu’à ce que la déroute de Valérie Pécresse ne vienne réveiller l’éternel affrontement latent entre trois visions départagées par les militants en décembre.
A lire aussi
La Nupes a franchement applaudi Aurélien Pradié à l’Assemblée
Je fais ici référence à l’épisode du Congrès interne pour la présidence des Républicains, où Éric Ciotti l’a finalement emporté face à Bruno Retailleau et Aurélien Pradié. La victoire de l’identitaire décomplexé venu des Alpes-Maritimes, donc, plutôt que le conservatisme moderne du patron des sénateurs ou la fibre sociale du député du Lot. Lequel s’est justement illustré durant l’examen du projet de réforme des retraites en essayant de peser plus que de raison sur les débats et de le faire en adoptant un discours aux accents gauchisants. Tout cela, au grand bonheur de la Nupes, qui l’a franchement applaudi à l’Assemblée, mais au grand malheur de la droite, dont il a encore un peu plus brouillé le positionnement. Il a ensuite finalement été écarté ce week-end de la vice-présidence exécutive à laquelle il avait été nommé il y a à peine un mois. C’est donc une clarification en vue de 2027. Ou alors, à tout le moins, une tentative de clarification. Car cela fait en réalité presque un siècle que coexistent les trois droites théorisées par René Rémond dans les années 1950 : légitimiste, orléaniste et bonapartiste. Des courants qui sont déjà parvenus à plusieurs reprises à franchir ensemble les portes de l’Élysée, et qui y parviendront sans doute à nouveau à deux conditions : une incarnation et « en même temps » des propositions. Or, Les Républicains n’ont pour l’instant ni l’un ni l’autre. Ce sont des travaux herculéens qui attendent Éric Ciotti, avant la bataille homérique que devra ensuite mener le candidat LR à la présidentielle.
Arthur Berdah