C’était la journée des explications hier à LR, après le vote de la motion de censure par 19 députés du groupe. Le parti de la droite va-t-il vers la réconciliation ou vers la scission ?
LR va préparer des Etats généraux en juin
Il y a eu, au sein des Républicains, des explications. Elles furent vives. Mais l’heure des décisions attendra parce qu’il n’y en a pas qui soient bonnes pour LR. La première solution aurait été une clarification, en clair : une exclusion des 19 députés qui avaient voté la motion de censure. Mais le groupe LR ne compte déjà plus que 61 députés. Avec 19 en moins, ce serait une nouvelle restriction du périmètre de l’ancien parti de Nicolas Sarkozy. Et puis une exclusion n’a jamais bonne presse. Cela fait sectaire et victimiserait les sanctionnés. Mais faire comme si de rien n’était, cela n’était pas possible non plus.
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Ce qui s’est passé, ce n’est pas uniquement un désaccord ponctuel sur un texte précis, les retraites. C’est un divorce sur un choix stratégique majeur, la censure. Et c’est surtout l’aveu qu’il n’y a aucune autorité reconnue par tous puisque le refus de voter la censure avait été officiellement décidée par Éric Ciotti, le président du parti. Alors pour l’heure, LR va préparer des Etats généraux en juin. Pour un parti, cela veut dire la même chose qu’un gouvernement qui décide de lancer une grande concertation au lendemain d’une crise : ça veut juste dire gagner du temps. Certains – comme Rachida Dati – proposent un accord de gouvernement en bonne et due forme avec Emmanuel Macron, mais est-ce envisageable ?
Edouard Philippe propose une coalition
Rachida Dati propose en effet une coalition, comme Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé, depuis l’été. Côté majorité, Edouard Philippe le propose aussi ce matin dans Le Figaro. C’est effectivement une hypothèse, mais elle paraît difficile pour au moins deux raisons. La première est qu’Emmanuel Macron vient de voir, sur les retraites, qu’un accord conclu avec les dirigeants de LR ne donnait aucune garantie que tout le monde suive. La seconde est que l’antimacronisme est un moteur puissant au sein de l’électorat de droite ; et il l’est plus que jamais aujourd’hui. Donc même dans l’hypothèse où tous les dirigeants de LR diraient d’accord, on fait alliance avec le chef de l’Etat, le parti perdrait au moins la moitié de ses troupes, rendant inutile un accord conclu au sommet.
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Symétriquement, une partie de LR pourrait-elle être tentée d’aller voir du côté du Rassemblement national ? Une moitié des électeurs LR y serait prête. Mais côté dirigeants, il demeure un interdit qui empêche même un simple dialogue avec le parti de Marine Le Pen. Alors Jordan Bardella a annoncé que le RN ne présenterait aucun candidat contre les députés LR qui ont voté la motion de censure. L’ironie des choses, c’est que ces protégés sont parmi ceux qui invoquent le plus fort la nécessité d’un cordon sanitaire avec l’extrême-droite. Et à la limite, c’est bien parce qu’il sait qu’ils n’oseront jamais franchir le pas. C’est en quelque sorte un baiser qui tue.
Guillaume Tabard