Nicolas Sarkozy et François Hollande jouent au mistigri nucléaire, et se refilent la patate chaude. Les deux anciens présidents étaient auditionnés par la commission parlementaire qui enquête sur le fiasco nucléaire.
François Hollande pointe un défaut de conception concernant la corrosion qui a mis à l’arrêt des réacteurs
Commençons par citer Nicolas Sarkozy qui s’est prêté au jeu des questions : « Le nucléaire a fait l’objet d’une chasse aux sorcières digne du Moyen-Age ». Le candidat malheureux en 2012 a rappelé qu’il avait pris toute sa vie des décisions en faveur du nucléaire. Dans sa ligne de mire : Martine Aubry et Cécile Duflot qui en 2011 prévoyaient de faire passer le nucléaire de 75 à 50 % du mix électrique en fermant 24 réacteurs. François Hollande, également auditionné, avance cet argument : « Il y a eu Fukushima. Des pays qui nous sont proches comme l’Allemagne, l’Italie, la Belgique sont sorti purement et simplement du nucléaire. Si je n’avais pas pris la décision de dire qu’à terme il représentera 50 % du mix, le risque aurait été d’aller beaucoup plus loin, voire de l’abandonner ». Et l’ex-président ajoute : « la corrosion qui a mis à l’arrêt nombre de centrales ne résulte pas d’une défaillance à l’égard de la filière mais d’un défaut de conception ». En clair, ce sont les ingénieurs d’EDF qui ont failli. C’est le jeu du mistigri, on se refile la patate chaude.
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Et Les Echos résument : la commission a entendu autant de vérités que de grands témoins. L’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg explique que l’avenir de la filière s’est joué sur un coin de table dans un accord entre socialistes et écologistes. Nicolas Sarkozy, lui, se voit reprocher l’ouverture du marché à la concurrence par François Hollande et son ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho. L’ancien Premier ministre Manuel Valls a lui déclaré que pour fermer 24 réacteurs il fallait une étude d’impact, il n’y en avait pas, donc on a fermé Fessenheim. Une fermeture décidée sous Hollande mais mise en œuvre par qui ? Par Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, de qui ? D’Emmanuel Macron. La palme de la franchise va tout de même à Nicolas Sarkozy qui a eu le courage de déclarer ceci devant la commission : « Le nucléaire est un sujet de président, mais ca ne veut pas dire que je comprends le chantier de Flamanville. Quand je visite une centrale, je prends un air concentré mais au bout de deux minutes je suis largué ».
David Abiker