Japon : 12 ans après la catastrophe de Fukushima, la crise énergétique fait remonter la cote du nucléaire

Shohei Miyano/AP/SIPA

Ce week-end, le Japon a commémoré le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011. La catastrophe avait fait plus de 18.000 morts et détruit la centrale de Fukushima Daiichi. Douze ans après le cataclysme, le pays débat d’une relance du nucléaire. Pour la première fois, une majorité de Japonais semble favorable au rallumage de dizaines de réacteurs.

 

51% des Japonais soutiennent le rallumage de plusieurs réacteurs

A chaque anniversaire de la catastrophe, des sondages sont organisés pour mesurer le sentiment de la population vis-à-vis du nucléaire. Et bien sûr, il y avait un rejet complet dans les premières années après l’accident. Mais les choses ont progressivement changé et cette semaine, les études d’opinion montrent que 51% des Japonais soutiennent le rallumage de plusieurs réacteurs. C’est justement ce que souhaite le gouvernement qui compte même étendre leur durée d’exploitation au-delà de 60 ans. Il faut se rappeler que juste après la catastrophe, les 54 réacteurs du pays avaient été arrêtés. A l’époque, ils produisaient presque un tiers de l’électricité du pays. Depuis, quelques centrales ont repris leur activité. Actuellement, il y a dix tranches qui fonctionnent et qui génèrent un peu moins de 10% de l’électricité du pays. Mais les autorités voudraient retrouver un parc d’environ 25 ou 30 réacteurs. C’est techniquement faisable puisque le pays estime que 33 de ses 54 anciens réacteurs sont suffisamment sûrs pour fonctionner. Les autres ont soit été détruits en 2011, soit ils sont jugés trop dépassés pour être mis au niveau des nouvelles normes de sécurité.

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Alors, pourquoi est-ce que la population s’est ralliée à cette idée d’une relance du nucléaire ? Il y a eu d’abord, ce durcissement des mesures de sécurité dans les centrales et la mise en place d’un gendarme du nucléaire vraiment indépendant du gouvernement. Ce n’était pas le cas avant la catastrophe. Il y a également un gros effort de pédagogie du gouvernement. Celui-ci explique que le pays ne peut pas rester dépendant, comme c’est le cas aujourd’hui, des importations d’énergies fossiles étrangères, que ce soit du charbon, du pétrole ou du gaz naturel. La hausse des prix de ces énergies depuis la guerre en Ukraine a été ressentie directement par les familles japonaises, dans leurs factures d’électricité. Il y a eu aussi plusieurs épisodes où le pays s’est retrouvé menacé par des grosses coupures de courant. C’est comme cela que le nucléaire est progressivement redevenu acceptable dans le pays.

Yann Rousseau

Ecoutez le reportage Yann Rousseau à 4’40 :

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