Guerre en Ukraine : Quand la musique devient un exutoire

Nastya Telikova

Après presque un an de guerre en Ukraine, la vie  des Ukrainiens est rythmée par les bombes, les morts, les blessés, les sirènes d’alertes aux raids aériens, les coupures d’électricité. Pourtant, le quotidien est encore là, des concerts ont encore lieu. La musique est même un exutoire pour les Ukrainiens.

Quelques notes de musiques s’échappent du Musée Khanenko à Kiev, la plus grande galerie d’art de la capitale ukrainienne. Transformé en abris anti-aérien, le lieu reste encore une scène artistique. Roman Grygoriv et Illya Razumeiko, un duo de compositeurs de musique de films et de théâtre, y interprètent leurs compositions : « Être sur scène nous aide vraiment. Si vous n’avez pas l’art, ou si vous n’êtes pas à l’armée, vous pourriez tomber en profonde dépression » confient-ils. Originaire de Zaporija, Ilya a la trentaine. Avec sa troupe d’Opéra contemporain, il écume les scènes européennes comme ukrainiennes : « A chaque fois que l’on revient d’Europe à Kiev, on sent vraiment que le public ici à absolument besoin d’art, sous toutes ses formes. Tous les évènements culturels affichent complets en Ukraine, que ce soit un concert de musique de chambre ou une symphonie. Les gens ont vraiment besoin de consommer de l’art, d’être ensemble ».

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Et pas question pour lui, de quitter l’Ukraine : « C’est important d’être ici, de garde l’économie et la culture vivante » assure le compositeur ukrainien, primé dans plusieurs festivals européens. C’est ici qu’il trouve l’inspiration, comme avec sa Berceuse pour Marioupol, un « Requiem pour une cité bombardée » qui mêle chansons folkloriques et vidéos de la ville martyre : « Ça parle de la tragédie qui est arrivée à Marioupol au printemps dernier, avec la mort de plus de 20 000 personnes. Cette ville représente beaucoup pour nous : elle était belle, internationale, avec une importante communauté LGBT, de l’art moderne, un grand festival de musique classique ». Ilya pense à ses amis au front : des musiciens, des danseurs et toutes les victimes de cette guerre, surtout dans les territoires occupés par l’armée russe. Quand la guerre sera terminée, Ilya espère une renaissance culturelle du pays, à conditions que les artistes exilés reviennent en Ukraine.

Laurie-Anne Toulemont

Ecoutez le reportage de Laurie-Anne Toulemont :

 

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