Le sommet franco-anglais entre Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Rishi Sunak fait aujourd’hui la une de vos journaux. Parmi les grandes surprises de cette visite, les commentaires élogieux de la presse d’outre-Manche à l’égard de la France !
Le dernier sommet franco-britannique remonte à 5 ans
Rishi Sunak, le chef du gouvernement du Royaume-Uni fait la une du Figaro en déclarant : « je veux ouvrir un nouveau chapitre avec la France ». Emmanuel Macron le reçoit en effet pour rétablir les liens avec les Britanniques, abîmés depuis le Brexit, titre Ouest-France et le Huffington Post. Il s’agit de tourner la page de la brouille, estiment les Dernière Nouvelles d’Alsace. Philippe Gélie du Figaro ressuscite l’entente cordiale d’il y a 120 ans quand la Grande-Bretagne voulut sortir de son splendide isolement. « 5 ans qu’un sommet franco-britannique ne s’était pas tenu », explique-t-il. Il y a des explications : le Brexit, le Covid, le populisme de Boris Johnson. La Grande-Bretagne se rend compte qu’elle peut s’affranchir de l’Union mais pas de l’Europe, qu’elle a besoin de la France pour endiguer les flottilles de clandestins, elle a maintenant intérêt à une coopération en matière de défense. Allez, on oublie l’affaire de la vente des sous-marins aux Australiens sabotées par les Anglais et on prépare la venue de Charles III dans quelques semaines.
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Courrier International propose ce matin une synthèse de la presse anglaise à l’occasion de cette visite. Ecoutez, c’est incroyable ! Les Anglais font autant de complexes vis-à-vis de la France que la France autrefois vis-à-vis de l’Allemagne. « Vivre aujourd’hui au Royaume-Uni, c’est voir son univers s’écrouler peu à peu », soupire The Daily Telegraph. Grèves à tous les coins de rue, récession à l’horizon, forces armées au bord de l’implosion. Un coup d’œil furtif de l’autre côté de la Manche, en revanche, et « c’est une tout autre histoire », remarque le quotidien londonien. Les infrastructures françaises semblent rutilantes – du moins en comparaison des routes britanniques, « constellées de nids-de-poule ». Et les perspectives économiques ? Sans commune mesure. Voilà ce qu’écrit le journal conservateur Reaction qui parle de la France : « Comment une économie aussi lourdement taxée, où l’âge de départ à la retraite est l’un des plus bas du monde développé, peut-elle afficher une santé aussi florissante depuis la pandémie ? » On croit rêver en lisant la réponse dans le Daily Telegraph : « simplement parce que la France a su conserver sa fierté et reste convaincue d’être un pays exceptionnel, contrairement à nous ».
La France est en train de prendre notre place, soupire l’éditorialiste du Financial Times
Qu’est-ce que ça fait du bien à lire ! Je continue – c’est du caviar – : un état d’esprit « exigeant », le Daily Telegraph parle de nous, les Français ! Un état d’esprit reflété dans son réseau de trains à grande vitesse, son artisanat étincelant, sa protection sans complexe du savoir-faire boulanger. Et ses manifestations en faveur de la retraite à 62 ans. Je poursuis : « Nous nous moquons des Français et de leur façon de faire grève à longueur de béret, mais les résultats crèvent les yeux : un service public bien mieux financé, mieux entretenu et mieux géré et même si cela nous fait mal de l’admettre, en matière de fierté nationale, nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins ». Pour le Financial Times, le Premier ministre britannique se rendra compte de l’écart entre les deux pays ce vendredi 10 mars. Deux pays jumeaux, deux anciens empires, de 67 millions d’habitants, toujours pas remis de la désindustrialisation. Avant les années 2000, le Royaume-Uni faisait figure de jumeau dominant, mais depuis le Brexit, la France attire davantage d’investissement directs étrangers. Paris offre une alternative à la place financière londonienne et plus significatif encore, les élites françaises savent enfin parler anglais. La France est en train de prendre notre place, soupire l’éditorialiste du Financial Times. Cela fait tellement de bien de donner des complexes aux Anglais, et ça valide une fois de plus cette formule prêtée à Talleyrand : « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console ».
David Abiker