Sous-marins australiens : La France perd le « contrat du siècle », un camouflet pour Emmanuel Macron ?

Le revirement australien est évidemment un camouflet, une humiliation même pour la France. Canberra choisit de confier la construction de 12 sous-marins aux Etats-Unis plutôt qu’à la France. Mais ce n’est pas un revers personnel pour Emmanuel Macron dans la mesure où cette remise en cause du contrat d’achat de sous-marins n’est pas le fruit d’une erreur commise par le chef de l’Etat.

Jean-Yves Le Drian dénonce « un coup dans le dos » de la part des Etats-Unis

Aucun autre président, de quelle couleur politique que ce soit, n’aurait pu éviter cette décision prise sous la pression des Etats-Unis de Joe Biden. Nous sommes certes en pré-campagne électorale et on sent la tentation d’identifier humiliation et camouflet pour Macron. Quand Xavier Bertrand, par exemple twitte : « La France n’est plus respectée par ses alliés. Notre redressement diplomatique doit être une priorité nationale », on comprend : on a un président qui n’est pas capable de faire respecter la France. Il n’est pas sûr que les Français croient qu’il en aurait été autrement avec un autre président.

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Malgré tout, est-ce que le gouvernement français ne s’est pas fait « avoir » ? Washington affirme que des discussions ont eu lieu avec la France avant d’annoncer cette décision. Paris dément et dénonce un « coup dans le dos » ; l’expression est de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. Ce qui est sûr, c’est que même si ça ne change rien à l’affaire, cet épisode valide deux constats faits par Emmanuel Macron. Le président français avait dit que l’OTAN était en état de « mort cérébrale ». Il avait dit ça il y a près de deux ans maintenant dans une interview à The Economist. A l’époque, ça avait fait scandale. Mais avec ces contrats de sous-marins, on voit que les Etats-Unis ont choisi de travailler avec leurs partenaires anglo-saxons, l’Angleterre et l’Australie, plutôt qu’avec leurs alliés de l’alliance atlantique. D’ailleurs, ceux qui étaient les plus hostiles au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN réclament sa sortie. Je pense à Jean-Luc Mélenchon.

 

Guillaume Tabard : « le gentil Biden se moque de l’Europe »

Et puis l’autre insistance constante de Macron c’est de réclamer une autonomie stratégique renforcée de l’Europe, notamment dans le domaine militaire. Cette absence de puissance diplomatique de la France se paie une fois de plus. Mais il ne suffit pas de la dire pour que ça se produise. Voilà une priorité que le chef de l’Etat va pouvoir rajouter à l’ordre du jour de la présidence française de l’Union européenne. Il y a aussi des leçons à tirer sur le plan des relations avec les Etats-Unis, une leçon de lucidité. Que n’avait-on entendu en France après la présidentielle américaine ! Le méchant et dangereux Trump remplacé par le gentil Biden avec qui l’Europe allait enfin pouvoir travailler. Eh bien comme Trump, le gentil Biden se moque de l’Europe et est tout entier dans le match, on n’ose pas encore dire la guerre, avec la Chine. Pékin et Washington se défient dans le Pacifique et ils ne veulent pas de nous. Rappelons juste qu’un troisième référendum a lieu à la fin de l’année sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. On mesure avec cette affaire combien une présence française dans le Pacifique reste importante.

Guillaume Tabard

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