Les Echos se penchent aujourd’hui sur une passion française méconnue, celle des ronds-points. Chacun de ces carrefours giratoires a coûté plus d’1 million d’euros à construire.
La France totaliserait entre 55.000 et 65.000 ronds-points
Les Français sont les incontestables champions du monde du rond-point. Il est difficile d’avoir un comptage très précis, mais on estime que la France en totaliserait entre 55.000 et 65.000. C’est plus que dans tous les autres pays d’Europe réunis qui eux, restent plus fidèles aux stops, aux feux ou aux croisements divers. On inaugurerait encore entre 500 et un millier de ronds-points de plus par an dans l’Hexagone. Alors, pourquoi cette passion pour le rond-point ? Déjà, parce que c’est effectivement assez pratique. Si l’on a une bonne visibilité, cela permet de se croiser et de traverser une route sans avoir trop besoin de ralentir.
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Il y a aussi beaucoup d’automobilistes qui connaissent mal la règle de la priorité à droite ou qui ne mettent jamais leurs clignotants. Dans ce cas, un rond-point c’est aussi un gage de sécurité. Les ronds-points sauvent des vies. Ils sont visibles, et pour un maire, c’est une manière de démontrer à ses administrés qu’il agit, qu’il fait quelque chose. Cela permet à l’entrée d’une ville de marquer son territoire, de placer une œuvre d’art. Dans Les Echos aujourd’hui, un artiste spécialisé dans ces œuvres pour ronds-points était interviewé. Celui-ci affirme qu’il y a tellement de carrefours giratoires qu’il n’a nullement besoin de démarcher ou de faire de la publicité pour son travail.
La construction d’un rond-point coûte plus d’un million d’euros
Le rond-point est devenu la nouvelle place du village. C’est pour cela que les Gilets jaunes ont bloqué ces ronds-points. Le sens giratoire, c’est aussi le symbole d’une France qui change, d’une France avec moins d’usines et de champs, mais plus de zones commerciales péri-urbaines. C’est aussi le signe d’une France administrative à qui il manque parfois un frein moteur. Cela coûte cher, souvent plus d’un million d’euros et il faut entretenir ces infrastructures. Dans certaines villes, on a même parfois des doubles ronds-points ou des enchaînements de ronds-points. Ce n’est pas très adapté aux nouvelles mobilités douces, aux vélos ou aux piétons. Cela démontre à ceux qui rêvent d’un monde sans voiture, que dans le quotidien des Français, on reste très dépendant du moteur à explosion. On construit notre quotidien en fonction de la voiture, mais on a sans doute trop construit et certains ne servent à rien.
David Barroux