Annoncé il y a dix jours par le gouvernement, le trimestre anti-inflation doit permettre de mieux juguler la hausse des prix dans l’alimentaire. Cela consiste notamment à un encadrement des prix des marques distributeurs dans les rayons.
Une hausse de l’inflation d’environ 10% est à prévoir d’ici au printemps prochain
Le trimestre anti-inflation est une mesure très attendue tant l’envol des étiquettes pèse sur le budget des ménages. Elles ont accusé un bond de 14% sur un an. C’est mieux que le reste de l’Europe, où la moyenne s’établit à plus de 16% et demi, voire jusqu’à 50% en Hongrie. Les capitales européennes ont tenté, par de multiples mécanismes, d’éteindre l’incendie mais sans succès pour le moment. C’est au tour de l’exécutif de tenter de résoudre ce casse-tête. Le beurre et les oeufs ont pris 20%, 25% pour les essuie-tout et 31% sur les viandes. La hausse des prix est visible dans tous les rayons. Il est impossible d’y échapper, reconnaît le spécialiste de la distribution, Olivier Dauvers : « Cette inflation est objective. Elle est la conséquence de l’envolée des matières premières mais aussi de l’inflation énergétique car l’alimentation c’est de la transformation, de la surgélation, du transport. Dans nos assiettes, il y a beaucoup d’énergie ». C’est le même constat partout en Europe. Baisse de TVA, panier anti-inflation, blocage des prix, nos voisins ont tout tenté, mais rien n’y fait. « Il n’y a malheureusement aucune solution pour lutter contre le mur de l’inflation face auquel nous sommes. Ni les distributeurs ni les industriels n’ont la main, même les gouvernements ne peuvent rien y faire », confie l’expert.
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Et cela ne va pas se calmer. D’ici au printemps, on prévoit encore une hausse d’environ 10%. Pourtant les prix des énergies et des matières premières ont déjà baissé. Mais il faut plusieurs mois avant que cela ne se répercute à la caisse explique l’expert en consommation Philippe Moati : « On va attendre gentiment que cela redescende et là, vous pourrez compter sur les distributeurs. Ils sauront négocier pour obtenir des réductions de prix. A partir de la rentrée, on devrait avoir les conséquences du reflux des prix sur les marchés des matières premières ». Les aides ciblées sont une alternative à la patience, comme le chèque alimentaire annoncé par le gouvernement, mais dont on ne connaît ni le montant, ni la date de mise en place.
La situation est alarmante en Grande-Bretagne
Avec 17% d’inflation alimentaire, la Grande-Bretagne se hisse dans le top des pays où le panier s’est le plus alourdi en un an. Un quart des Britanniques affirme connaître des difficultés financières. A cela s’ajoute une inflation générale de 10%. La situation est alarmante, comme l’affirme l’association de consommateurs What. Les premières victimes de l’envol des prix sont les plus modestes, bien sûr, avec un impact surtout pour les plus jeunes, explique l’économiste Renaud Foucart, professeur à l’Université de Lancaster : « Environ 10% des enfants ont dû se priver d’un repas pendant la semaine. Il y a un vrai problème dans la sécurité alimentaire. On se demande ce que les enfants vont manger. On a donc remarqué une explosion des taux d’obésité. Plus de 10% des enfants de 4 à 5 ans sont en situation d’obésité particulièrement dans les ménages les plus pauvres. Il y a aussi une grosse pression sur les banques alimentaires qui rapportent une augmentation très importante de la demande. L’Etat britannique aides les ménages en difficulté mais c’est clairement plus faible que le niveau de l’inflation alimentaire. A ce niveau-là, les aides n’ont pas suivi en termes de dépenses alimentaires » assure-t-il.
Eric Kuoch
Retrouvez le reportage d’Eric Kuoch à 1′ :