C’est le jour-J pour la réforme des retraites. Après un marathon de plus de deux mois, le projet de loi si décrié vient d’être adopté par le Sénat. Il est impératif qu’il soit approuvé également par l’Assemblée nationale.
Le projet de loi a essuyé des critiques y compris dans les rangs des réformateurs
Une réforme des retraites, surtout quand elle prévoit le report de l’âge de départ, n’est jamais populaire. Mais ce texte a battu des records en la matière, essuyant des critiques y compris dans les rangs des réformateurs. Il faut dire qu’il comporte quelques défauts. D’abord, son ambition est beaucoup plus limitée que le projet de 2019 stoppé par le Covid, qui devait instituer un régime universel garantissant les mêmes droits à tous. Surtout, au gré des modifications qu’il a dû subir pour tenter de désamorcer les oppositions, il ne garantit plus son objectif premier, le retour à l’équilibre de notre système de pensions à l’horizon 2030. Ou alors sur la base d’un scénario économique optimiste. On peut le regretter, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille renoncer à cette réforme.
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Mais l’essentiel n’est pas là. Quelles que soient ses limites, cette réforme reste indispensable pour conforter notre modèle social. En allongeant la durée des carrières, elle va augmenter mécaniquement la richesse créée, surtout si elle s’accompagne d’une véritable mobilisation sur l’emploi des seniors. De quoi réduire nos déficits publics, rassurer nos créanciers et, accessoirement, élargir la base des revenus à redistribuer. On a connu une réforme moins sociale. D’autant que dans le même temps, son entrée en vigueur s’accompagnera de nouvelles dispositions en faveur des carrières longues et d’une revalorisation des petites pensions, survendue certes pendant les débats, mais bien réelle. Enfin, on finirait presque par l’oublier, elle acte la fin des régimes spéciaux. Pas pour tout de suite, c’est vrai, mais le principe en sera acquis et ça, c’est tout sauf un détail.
François Vidal