Réforme des retraites : L’avenir du texte suspendu à l’avis du Conseil constitutionnel

UGO AMEZ/SIPA

Il y avait moins de monde dans les rues hier. Est-il possible de parler d’un reflux de la contestation ou bien est-ce prématuré ?

 

La grève des poubelles à Paris va s’arrêter

Dire que la contestation s’éteint serait une vue de l’esprit. La réforme des retraites reste rejetée. Mais après la journée de jeudi dernier, il y avait un risque de basculement dans un mouvement insurrectionnel. Ce n’est pas le cas et le reflux d’hier a été plus important que prévu par les syndicats et par les services du ministère de l’Intérieur. Il y a une autre donnée qu’il faut observer, ce sont les taux de grévistes. Or, depuis le début du mouvement, ils ne sont pas élevés ; inférieurs même à ce qu’ils furent lors des précédentes réformes des retraites. Hier, ils sont devenus très bas. Au point que même la grève des poubelles à Paris va s’arrêter, non par décision des syndicats, mais tout simplement parce qu’il n’y a plus assez de volontaires pour faire grève. Alors bien sûr, il y a des enjeux de pouvoir d’achat. Cela coûte cher de faire grève. Mais il y a quand même une forme d’essoufflement. Même si on ne peut pas oublier que cet essoufflement s’accompagne d’une montée de la violence que toutes les forces politiques seraient bienvenues de condamner plus nettement.

 

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Mais le gouvernement peut-il faire le pari du pourrissement pour tenir ? Tout miser là-dessus serait hasardeux. Ne serait-ce que parce que le sort de la réforme des retraites est suspendu à l’avis du Conseil constitutionnel. Tant que le collège de Sages présidé par Laurent Fabius ne se sera pas prononcé, la mobilisation va continuer. Elle va peut-être se tasser, mais elle ne va pas s’éteindre. Alors combien de temps cela va-t-il durer ? Hervé Gattegno parlait hier d’une décision le 18 avril, soit quasiment le terme du délai maximal d’examen. Soit dit en passant, ce ne serait pas un cadeau fait à l’exécutif, car encore trois semaines, c’est long, très long, sans que l’on sache comment ça peut tourner. Hier à l’Elysée, on voulait cependant toujours croire que la décision du Conseil allait être plus rapide. En attendant, cette longue attente empêche de passer à autre chose.

L’exécutif ne peut, pour l’instant, plus agir sur le texte

Alors, ce laps de temps pourrait-il être mis à profit pour la « pause » et la « médiation » dont parle Laurent Berger ? Ces deux concepts sont assez flous. Que signifie une pause ? Puisqu’en ce moment, même l’exécutif ne peut plus agir sur le texte. C’est le Conseil constitutionnel qui a la main. Il va peut-être tout valider, tout retoquer ou censurer quelques aspects, mais ça ne dépend plus que de lui. Il n’y a donc pas d’autre choix que d’attendre. Personne ne peut appuyer sur le bouton pause. Quant à la médiation, c’est curieux de s’en remettre à un tiers. Que les syndicats et le président ou son gouvernement se reparlent, ça semble être une nécessité, une urgence peut-être même. Mais avec des syndicats qui disent : on ne discute de rien tant que la réforme n’est pas suspendue et un exécutif qui dit : on discute de tout, mais on ne revient pas sur la réforme, ce n’est pas une médiation qui peut changer quoi que ce soit.

Guillaume Tabard

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