Emmanuel Macron a rassemblé hier les dirigeants de la majorité et aujourd’hui, le Conseil des ministres se réunit exceptionnellement. L’exécutif réfléchit à des solutions politiques pour sortir de la crise.
Le 49.3 n’a été utilisé que pour des textes budgétaires
L’exécutif cherche des solutions politiques, mais pour l’instant, il n’en trouve guère. Alors Elisabeth Borne en a dévoilé une. Plus question, a-t-elle dit, d’utiliser le 49.3 en dehors des textes budgétaires. A priori, cela ressemble à un geste d’apaisement puisque sur les retraites, c’est le 49.3 qui a remis le feu aux poudres et relancé une contestation qui se tassait. Mais regardons de plus près : sa proposition est surprenante. Parce que ne pas recourir au 49.3 hors textes budgétaires, c’est ce qu’elle a déjà fait depuis qu’elle est à Matignon. Le 49.3 n’a été utilisé que pour des textes budgétaires, dont celui qui porte la réforme des retraites. Et les 23 autres projets de loi qui ont été adoptés, l’ont tous été sans 49.3.
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Donc, ce qu’elle présente comme une concession est en fait de la continuation. Et cela comporte deux inconvénients. Le premier, c’est de sembler reconnaître une faute. Dire : je ne le ferai plus, signifie : je n’aurais pas dû le faire. Et le deuxième inconvénient, c’est que la Première ministre se prive à l’avance d’un outil dont elle ne peut pas dire qu’elle n’en aura jamais plus besoin. Elle se lie les mains à l’avance. Elisabeth Borne s’inflige ainsi à elle-même une double peine.
Selon un sondage Ifop, le RN progresse nettement
Outre cette annonce, la Première ministre a reçu une mission : élargir la majorité. En a-t-elle les moyens ? Ou est-ce mission impossible ? Emmanuel Macron lui a donné trois semaines pour définir un programme d’action sur lequel elle puisse obtenir des majorités. Je dis bien des majorités et pas une majorité, car le président a compris qu’il ne pourra pas construire une coalition en bonne et due forme qui lui garantisse une majorité pérenne. L’idée est donc plus modeste, plus prosaïque : renoncer à présenter des grandes cathédrales législatives compliquées, comme c’était prévu par exemple sur l’immigration. Le projet maintenant, ce sont des petits textes, les plus concrets et les moins idéologiques possibles. Bon, ça peut éventuellement permettre d’avancer un peu, de faire des petits pas. Mais cela rend quasiment impossible toute réforme d’envergure, audacieuse ou difficile.
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Et sans ces majorités au cas par cas, le chef de l’Etat pourrait-il décider de dissoudre l’Assemblée nationale ? Ce serait l’ultime recours si rien d’autre ne marchait, si aucun texte ne passait. Mais il y a eu une partielle dimanche dans l’Ariège. Le candidat Renaissance s’est effondré. Certes, le contexte local était très particulier. Mais il y a eu aussi un sondage Ifop. Bilan : le RN progresse nettement, la Nupes se maintient et les macronistes baissent fortement. Autrement dit, le président aurait encore moins de majorité et l’Assemblée serait encore plus ingouvernable. De quoi réfléchir à deux fois avant de dissoudre.
Guillaume Tabard