Législative partielle en Ariège : La « guerre des gauches » est déclarée

Christian BELLAVIA/SIPA

En Ariège dimanche, c’est une socialiste dissidente, Martine Froger, qui a battu une députée sortante LFI, Bénédicte Taurine. Peut-on parler d’une « guerre des gauches » ?

 

Olivier Faure, premier secrétaire du PS a soutenu Bénédicte Taurine (LFI)

Il y avait une législative partielle dans la 2ème circonscription de l’Ariège, qui est à gauche depuis un siècle. En juin, une candidate LFI, Bénédicte Taurine, avait battu une candidate LREM. Dans cette partielle, la macronie s’est effondrée et le second tour a donc opposé la sortante mélenchoniste à une socialiste dissidente, Martine Froger. C’est elle qui, dimanche, a écrasé la sortante LFI. Pourquoi parler de « dissidente » ? Tout simplement parce que Martine Froger n’était pas soutenue par le PS. Et c’est là que l’on touche du doigt à la « guerre des gauches ». Car Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, a fait le choix, on le sait, de l’alliance avec LFI au sein de la Nupes.

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Tenu par cette alliance, il a soutenu Bénédicte Taurine de LFI plutôt qu’une femme membre de son propre parti qui, elle, refuse cette alliance. Voyez jusqu’où peut conduire la logique de la Nupes : jusqu’à combattre l’un de ses siens. Martine Froger n’était pas seule toutefois. Elle était soutenue par la présidente de la région Carole Delga, par le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui s’était présenté contre Faure au dernier congrès du PS. Bref, la dissidente était soutenue par tous ceux qui au PS défendent l’autonomie par rapport à la Nupes et à LFI. Sa large victoire va relancer le débat et les divisions à l’intérieur du PS.

Bénédicte Taurine affirme que sa défaite est une victoire de la droite

Une élection partielle ne recèle que des leçons partielles. Il y a un contexte local particulier. Mais la situation dans l’Ariège a un effet loupe sur le débat à gauche au niveau national. Et cette élection nous dit deux choses du mélenchonisme. La première chose, c’est qu’après avoir permis à la gauche de sauver et même de conquérir des sièges aux législatives de juin, le mélenchonisme provoque désormais un « front républicain » contre lui. C’est la rançon du spectacle qu’il a donné à l’Assemblée nationale, à Sainte-Soline ou ailleurs. Pour beaucoup, y compris parmi les électeurs de gauche, cette attitude fait peur et même représente un danger pour la démocratie.

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Le deuxième constat, c’est l’intolérance et le sectarisme. Sous prétexte qu’elle a été battue, Bénédicte Taurine a dit que sa défaite était une victoire de la droite. Rappelons que Martine Froger est socialiste et qu’elle ne sera pas à l’Assemblée pour soutenir le gouvernement. Alors oui, elle a des voix venant d’ailleurs, venant de la majorité ou même du RN. C’est le propre d’un second tour. Et si elle avait été réélue, la sortante LFI ne se serait pas plainte d’avoir eu des voix venant de partout. D’ailleurs, elle aussi, en a reçu un peu, notamment du RN. Avec LFI, c’est simple, tout ce qui n’est pas eux, c’est la droite et donc le mal. Plus ils font fuir, plus le problème c’est les autres. D’ailleurs, il suffit d’entendre le communiste Fabien Roussel pour comprendre que la chape mélenchoniste est de plus en plus mal vécue à gauche.

Guillaume Tabard

 

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