Retraites : Le RIP, une bonne porte de sortie pour la gauche et les syndicats

Chang Martin/SIPA

Il y avait moins de monde dans les rues hier pour la 11ème journée de mobilisation, mais les syndicats annoncent déjà une nouvelle journée d’action jeudi prochain. Jusqu’à quand peut continuer le bras de fer ?

 

Il y a toujours environ 70% des Français qui sont opposés à la réforme

A entendre les syndicats, ils ne s’arrêteront pas tant que la réforme des retraites n’aura pas été purement et simplement retirée. Mais s’il serait excessif de dire que la mobilisation s’essouffle, c’est un fait qu’elle diminue et assez nettement ; et ce, depuis deux semaines de suite. Les taux de grévistes sont désormais très faibles, autour de 10% dans la fonction publique et les cortèges sont moins garnis : 570.000 personnes au total en France contre 740.000 le 28 mars et plus d’un million le 23 mars. Les syndicats se disent déterminés à continuer, mais la détermination du gouvernement à ne pas céder sur la retraite à 64 fait son effet. Les opposants à la réforme commencent à se dire que cela ne sert plus à rien de manifester. Parions que les chiffres le 13 avril seront plus bas encore.
Signalons toutefois que l’opinion dans son ensemble ne bouge pas. Ni dans un sens ni dans l’autre. Il y a toujours environ 70% des Français qui sont opposés à la réforme.

 

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Est-ce la décision du Conseil constitutionnel qui aura raison du mouvement social ? C’est la prochaine échéance et elle sera décisive. Aujourd’hui une majorité de personnes personnes parient sur une censure marginale, uniquement des articles qui seront considérés comme des « cavaliers », c’est-à-dire des dispositions n’ayant rien à voir avec un texte budgétaire. Mais si comme on peut le penser le cœur de la réforme est validé, la promulgation de la loi interviendra aussitôt et la contestation dans la rue perdra sa raison d’être. Ce ne sera pas la fin de toute mobilisation. Les opposants à la retraite à 64 ans basculeront dans un autre combat : la recherche des 4,8 millions de signatures nécessaires à la convocation éventuelle d’un référendum d’initiative partagée, un RIP. On passerait d’une démarche sociale à une démarche politique. Pour la gauche et pour les syndicats, ce serait une bonne porte de sortie, un moyen de se mobiliser différemment sans avoir à constater un étiolement inéluctable des cortèges de rue.

 

Elisabeth Borne pourrait tenter de reprendre le dialogue social dans les prochains jours

C’est une semaine à manier avec délicatesse pour le gouvernement. On sait que la gauche mélenchoniste va tout faire par avance pour délégitimer la décision du Conseil constitutionnel. Donc le gouvernement va afficher un grand respect de principe pour la décision du collège présidé par Laurent Fabius. Mais, dans le même temps, il veut montrer que toute son action ne dépend pas du conclave de la rue de Montpensier. L’idée qui est évoquée est donc qu’Elisabeth Borne met sur la table dès le lendemain du week-end de Pâques des sujets qu’elle espère propices à une reprise du dialogue social, même si elle a compris avec sa rencontre de mardi à Matignon que les syndicats n’allaient pas se précipiter pour discuter d’autres sujets. L’idée est tout cas est de faire comprendre que la vie gouvernementale continue même si le conflit sur les retraites n’est pas encore fini.

Guillaume Tabard

 

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