Présidentielle : Ce sondage qui va provoquer une véritable onde de choc

JEANNE ACCORSINI/SIPA

C’est un sondage qui bouleverse le jeu. Selon l’Ifop pour le Figaro Magazine, en cas de présidentielle, Marine Le Pen arriverait largement en tête au premier tour. Mais cela a-t-il du sens de faire un sondage quatre ans avant l’échéance ?

 

Edouard Philippe ferait presque jeu égal avec Marine Le Pen

Pour prendre une comparaison météorologique, un sondage peut être un bon thermomètre, il ne peut jamais être un bon baromètre. En politique, on ne sait déjà pas ce qui va se passer dans une semaine. A fortiori personne ne peut deviner ce qui se passera dans quatre ans. Ni savoir qui sera candidat. 4 ans avant 2017, personne ne connaissait ne serait-ce que le nom d’Emmanuel Macron. Donc un sondage ne prédit pas le résultat d’une élection. Mais si on le regarde comme un thermomètre, c’est à-dire comme un indicateur de la température à un moment précis, alors les leçons peuvent en être intéressantes. Venons-en donc aux leçons de ce sondage. La première, c’est la nouvelle progression de Marine Le Pen. Selon l’Ifop pour le Figaro Magazine, selon les hypothèses au sein de la majorité, Marine Le Pen obtiendrait entre 29 et 36 %. Ce serait une progression de 6 à 13 points sur son score d’il y a un an. Une telle percée, c’est du jamais vu.

 

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Cela confirmerait qu’elle est la première bénéficiaire – plus que Jean-Luc Mélenchon – de la contestation sur les retraites. Renforcer son socle de premier tour, cela contribue aussi à rendre crédible la possibilité de sa victoire au second. Et dans cette marche en avant que rien ne semble interrompre, Marine Le Pen est servie par ses adversaires qui continuent de marteler qu’elle pose un problème à la démocratie. Les électeurs, eux, voient de moins en moins pourquoi. L’ordre d’arrivée est net et les écarts à ce jour sans appel : Edouard Philippe ferait presque jeu égal avec Marine Le Pen, à 28 %, tandis que Bruno Le Maire obtiendrait 18 % si c’était lui le candidat, Gérald Darmanin 11 % seulement et François Bayrou 9.

 

Un choc des extrêmes est une hypothèse plausible

Il ne faut pas se laisser aveugler par la photo d’un jour. Alain Juppé, mentor de Philippe, fut plébiscité dans les sondages, juste avant d’être nettement battu à la primaire de la droite. Mais on voit bien la petite musique qui va s’installer : le maire du Havre serait le seul à pouvoir faire barrage à la patronne du RN ? Le paradoxe est que celui qui est à ce jour le mieux placé dans la majorité est celui avec qui les macronistes se montrent le plus distants. Tout cela ne peut qu’aviver les rivalités au sein de camp. S’agissant de Jean-Luc Mélenchon, il se tasserait par rapport à 2022, mais resterait archi dominant à gauche. Et surtout, si la majorité est représenté par Le Maire, Darmanin ou Bayrou, c’est lui, Mélenchon qui se qualifierait au second tour face à Marine Le Pen. C’est dire qu’un choc des extrêmes est une hypothèse plausible. Ce serait le cauchemar pour Renaissance et pour LR. Vous le voyez, ce sondage va provoquer une véritable onde de choc.

Guillaume Tabard

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