MONTEUX Pierre

(1875-1964) Chef d'orchestre

La carrière de Pierre Monteux traverse 50 ans de vie musicale internationale, des Ballets russes au London Symphony Orchestra, en passant par les orchestres de Boston et San Francisco. Ses origines provençales le rapprochent de Darius Milhaud, plus jeune que lui, qu’il accueille en 1940 en Californie où il lui procure un poste d’enseignant. Aimé de ses musiciens et de ses élèves, Monteux fut un chef d’orchestre calme, précis et chaleureux, sans ego surdimensionné et grand interprète de Brahms, son compositeur favori.

Pierre Monteux en 10 dates :

  • 1875 : Naissance à Paris
  • 1896 : Premier prix de violon au Conservatoire de Paris
  • 1911 : Directeur de l’orchestre des Ballets russes
  • 1924 : Concertgebouw d’Amsterdam
  • 1929 : Directeur de l’Orchestre symphonique de Paris
  • 1934 : Directeur de l’Orchestre symphonique de San Francisco
  • 1942 : Citoyen américain
  • 1955 : «Pensée amicale » de Darius Milhaud
  • 1961 : Directeur du London Symphony Orchestra
  • 1964 : Mort à Hancock (USA)

 

Violoniste depuis l’enfance, Monteux commence sa carrière musicale comme altiste.

Son nom vient d’une commune proche d’Avignon. Mais Monteux est né à Paris, où il apprend le violon dès l’âge de six ans. Il entre au Conservatoire dont il sort avec un premier prix. Il joue ensuite comme altiste dans un quatuor à cordes, puis avec l’orchestre Colonne. Il débute en 1904 comme chef d’orchestre au Casino de Dieppe, haut lieu de villégiature de la bourgeoisie parisienne, dont il assure les saisons estivales.

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Recruté par Diaghilev en 1911, il enchaîne les chefs d’œuvre de Debussy, Ravel et Stravinsky. Il est de toutes les créations parisiennes qui précèdent la guerre : Petrouchka, L’Après-midi d’un faune, Daphnis et Chloé au Théâtre du Châtelet, Jeux et Le Sacre du printemps au Théâtre des Champs Elysées. Mobilisé en 1914, il ne peut suivre la troupe en tournée aux Etats-Unis et ne la rejoindra que deux ans plus tard.

 

Sa réputation aux Etats-Unis se construit rapidement après la guerre, ce qui ne l’empêche pas de revenir souvent en Europe et de soutenir les jeunes compositeurs français.

Il dirige des œuvres françaises au Metropolitan Opera de New York. En reprenant l’orchestre symphonique de Boston, il réussit à le réorganiser. Il est de retour en Europe en 1924 pour retrouver les Ballets russes et rejoindre Mengelberg au Concertgebouw d’Amsterdam.

En 1929 il prend (après Ernest Ansermet) la direction du nouvel Orchestre symphonique de Paris, fondé par la Princesse de Polignac et Coco Chanel, à l’initiative d’Alfred Cortot. Il donne avec cet orchestre beaucoup d’œuvres d’ex-membres du Groupe des Six, Auric, Poulenc, Tailleferre, et Milhaud, dont l’oratorio Christophe Colomb (version réduite de l’opéra). Il est l’un des premiers à résider dans la cité Montmartre-aux-artistes, rue Ordener, et y reçoit ses élèves comme Marcel Landowski.

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En 1934, il est nommé à l’Orchestre de San Francisco où il reste jusqu’en 1952, après avoir obtenu la nationalité américaine. Il revient souvent diriger l’orchestre de Boston, dont le directeur musical est depuis 1949 Charles Munch. Pour ses quatre-vingts ans, Darius Milhaud lui dédie une œuvre pour orchestre à cordes, Pensée amicale, interprétée par Munch.

 

Pierre Monteux consacre aussi beaucoup de son temps à l’enseignement.

Depuis le début des années 1930 il enseigne la direction d’orchestre : à Paris, dans sa maison des Baux-de-Provence, puis aux Etats-Unis. En 1943 il fonde une école de direction d’orchestre dans la ville de sa troisième épouse, Hancock dans le Maine, à l’extrême nord-est du pays. Nombreux furent ses élèves qui firent une brillante carrière : Lorin Maazel, David Zinman, Neville Marriner, André Prévin. L’école de musique existe toujours et porte le nom de Pierre Monteux.

Pierre Monteux dirige l’Orchestre Symphonique de Londres en 1961, dans L’Apprenti sorcier de Dukas.

 

Ses symphonies de Beethoven et de Brahms font partie des plus belles versions.

A partir des années 1950, il enregistre les symphonies de Beethoven avec des orchestres différents (Vienne, Amsterdam, San Francisco, Boston, Londres), au risque de sembler chercher un idéal peut-être hors d’atteinte. La sixième symphonie, la « Pastorale », avec le Philharmonique de Vienne, est proche de cet idéal, tant la communion avec une nature bienveillante (orage inclus !) est restituée avec douceur et beauté des sons.

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La symphonie n°2 de Brahms est l’une des plus grandes réussites du catalogue laissé par Monteux. Plusieurs fois enregistrée, la version de 1951 avec l’orchestre de San Francisco est sans doute la plus belle.

 

Il est nommé à la tête du London Symphony Orchestra et continue de diriger jusqu’à la fin de sa vie malgré un état de santé dégradé.

Sa prestation pour des concerts à Londres en 1958 lui vaut un tel succès qu’il est bientôt engagé comme chef principal du LSO. Il élargit notablement le répertoire de l’orchestre, de Mozart à Wagner, et de Schönberg à Sibelius. Sans oublier de revenir à ses premières créations, avec un enregistrement superbe de Daphnis et Chloé, et un concert anniversaire en présence du compositeur du Sacre du printemps, au Royal Albert Hall.

Mais sa santé se dégrade et il est souvent pris de malaises. En avril 1964 il dirige son dernier concert à Milan avec l’orchestre de la radio télévision italienne. Il décède trois mois plus tard à son domicile américain du Maine.

 

Philippe Hussenot

 

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