Ludwig van Beethoven, le précurseur : Découvrez sa vie à travers ses plus belles œuvres !

istock

La vie de Ludwig van Beethoven est mouvementée, libre, douloureuse, mais inspirée par le génie créateur. A tel point que ses œuvres, empreintes d’une grande modernité, ont été une véritable source d’inspiration pour les compositeurs de la période romantique… mais pas seulement !

La vie de Ludwig van Beethoven commence à Bonn, à l’ombre d’un père ténor, un 17 décembre 1770. La famille est dans la musique depuis deux générations. Alcoolique, violent, Johann van Beethoven repère rapidement les qualités musicales de son fils et lui donne des cours de musique. On ne sait jamais, l’enfant prodige pourrait être une source de revenu. Mais le jeune Ludwig se rebelle, refuse l’autorité paternelle et va se chercher d’autres mentors.

Le compositeur et chef d’orchestre Christian Gottlob Neefe lui trouve une place dans l’orchestre de la cour et le prince électeur lui accorde une bourse, le nommant organiste adjoint. Nous sommes en 1784, le musicien a 14 ans et compose ses 3 Sonates à l’Électeur, pour son bienfaiteur.

Beethoven entretient une relation conflictuelle avec Joseph Haydn

Le comte Ferdinand von Waldstein présente ensuite son protégé à Haydn, qui invite le jeune musicien à venir étudier sous sa direction à Vienne. La mère du compositeur, qui a désormais 22 ans, est morte. Son père, lui, est accro à la bouteille. C’est donc l’occasion parfaite de quitter Bonn pour la capitale autrichienne.

Là-bas, ce n’est pas la grande amitié avec Haydn, en tout cas pas une amitié comparable avec celle qu’entretint Haydn avec Mozart. Beethoven est très imprégné des idées révolutionnaires qui agitent la France et Haydn dira ses quatre vérités au musicien, avec une certaine clairvoyance avant leur séparation : « Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues ». Avec un tel brevet, Beethoven ne tarde pas à considérer qu’il n’a plus rien à apprendre. En 1795, il signe son tout premier opus : le Trio avec piano n°1.

À 26 ans, Beethoven donne des concerts à Berlin, Dresde, Leipzig. Il est surtout connu comme musicien plutôt que compositeur. C’est un improvisateur doué, puissant, surprenant qui participe à des joutes qui font de lui le meilleur pianiste viennois. « Dans quelque société qu’il se trouvât, il arrivait fréquemment que les yeux se mouillaient de larmes, et que plusieurs éclataient en sanglots », dira le compositeur Carl Czerny. Celui qui fait chavirer la bonne société viennoise écrit à cette époque, un de ses premiers chefs-d’œuvre : le Concerto pour piano et orchestre n°1.  

La surdité de Beethoven a décuplé son génie

A 30 ans, Beethoven est mûr pour la gloire et le bonheur. Il a du succès et pas seulement avec les mélomanes, les femmes l’apprécient. Sa réputation va au-delà des frontières de l’Autriche, et en 1800 il compose une première symphonie. Tout devrait lui sourire, mais le destin ne l’entend pas de cette oreille.

Le compositeur a laissé derrière lui des maîtres prestigieux comme Haydn ou Salieri. Il compose, il improvise et impressionne son monde. Il est enfin galvanisé par les idées neuves de son temps, mais en 1802, il confie à ses frères la cause principale de ses nouveaux tourments : « Songez que depuis six ans, je suis frappé d’un mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. D’année en année, déçu par l’espoir d’une amélioration, j’ai dû m’isoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde ». Beethoven devient sourd, mais reste inspiré, comme si son talon d’Achille allait décupler son génie.

La Symphonie Héroïque, une œuvre dédiée à Napoléon Bonaparte

La surdité s’accompagne d’une nouvelle inspiration créative avec sa Symphonie n° 3 dite « Héroïque ». Elle marque la fin d’une crise existentielle qui lui a fait songer au suicide. Beethoven veut, dans un premier temps, la dédier à Bonaparte, dont il partage les idées révolutionnaires. Mais celui-ci se faisant couronner empereur, le musicien raye rageusement la dédicace et titre : « Symphonie Héroïque, composée en mémoire d’un grand homme ». Le compositeur offre à Bonaparte, devenu despote, un enterrement de première classe.

À 35 ans, il s’essaie à l’opéra en marchant sur les pas de Mozart avec Fidelio. Il manie et remanie l’œuvre entre 1805 et 1814. Il faut attendre la dernière version pour qu’enfin l’opéra trouve le succès. Mais Beethoven est las et n’y reviendra plus.

En juillet 1805, il fait la rencontre de Luigi Cherubini, qu’il admire. Cette période est fertile en chefs-d’œuvre : l’année 1806 voit la composition du 4ème Concerto pour piano, des trois Grands quatuors à cordes dédiés au comte Razoumovski, de la 4ème Symphonie et du Concerto pour violon.

Moussorgski, Rimski-Korsakov et Rachmaninov rendent hommage au 8ème Quatuor de Beethoven

Le compte Andreï Kirillovitch Razoumovski est un diplomate et le compositeur lui rend hommage en intégrant un thème traditionnel russe dans son 8ème Quatuor. Ce thème sera réutilisé en guise d’hommage au compositeur, par 3 musiciens russes : d’abord par Moussorgski dans Boris Godounov, puis Rimski-Korsakov dans La Fiancée du tsar, et enfin Rachmaninov dans la pièce Slava pour piano à 4 mains.

En 1806, Beethoven compose le premier concerto pour violon de sa carrière, un concerto inspiré, dit-on, par des fiançailles avec Therese de Brunswick. Lesquelles n’eurent jamais lieu selon certains historiens. L’accueil est mitigé et éloigne le compositeur du genre concerto pour violon.

À l’automne 1806, éclate entre le compositeur et son mécène, le prince Carl de Lichnowsky, un conflit qui en dit long sur la haute estime que Beethoven a de son œuvre. Le mécène lui ordonne de jouer pour des officiers français, allant même jusqu’à le menacer de le mettre aux arrêts s’il n’accepte pas. Mais, le musicien refuse, ne se démonte pas et quitte le prince en lui envoyant dès le lendemain, ce billet d’une incroyable insolence.

« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis moi-même. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. ». Le prince supprime la pension de son musicien, qui lui dédiera pourtant, deux ans plus tard, une symphonie qui va devenir une œuvre emblématique, légendaire et populaire : la 5ème Symphonie.

Beethoven adopte son neveu Karl, à la mort de son frère

En 1808, Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie propose à Beethoven un poste de maître de chapelle à Cassel. Mais Vienne, dans un réflexe de fierté, refuse de laisser partir son compositeur. L’archiduc Rodolphe, le prince Kinsky et le prince Lobkowicz s’allient pour assurer à Beethoven, s’il reste à Vienne, une rente viagère de 4000 florins annuels.

Le musicien accepte, se croyant définitivement à l’abri du besoin. Mais la reprise de la guerre entre l’Autriche et la France au printemps 1809, provoque une crise économique et financière qui fragilise la rente du compositeur. Reconnaissant malgré tout, Beethoven dédie à son mécène l’archiduc Rodolphe la Sonate « Les Adieux » puis son 7ème Trio « Archiduc ».

A lire aussi

Vers 1810, Beethoven qui a maintenant 40 ans, rencontre l’inventeur tchèque Johann Nepomuk Maelzel, un homme plein de fantaisie qui est à l’origine d’un automate sachant jouer aux échecs. Il a aussi conçu une machine qui joue de plusieurs instruments telle une fanfare militaire. Maelzel va proposer au compositeur divers appareils et autres cornets pour l’aider à entendre. C’est aussi Maelzel qui présente à Beethoven, le métronome qui l’adoptera aussitôt.

S’ouvre une période sombre pour le compositeur qui demeure célibataire. Il fait une rencontre décevante avec Goethe et doit subir la désaffection du public. L’époque préfère la musique plus légère de Rossini. Et surtout, il perd son frère et s’engage dans une bataille judiciaire sans fin pour respecter les volontés du défunt, dont il s’est engagé à adopter le fils : Karl Van Beethoven. Tout cela l’épuise, le tourmente, mais ne l’empêche pas de composer sa 5ème Sonate pour violoncelle et piano dédiée à sa confidente Maria von Erdody.

La Missa solemnis en ré majeur, une oeuvre inspirée par Bach et Haendel

Les forces et le moral de Beethoven s’améliorent vers 1817. Il va innover avec une nouvelle sonate qu’il destine au piano-forte le plus récent : le Hammerklavier. Il veut exploiter le potentiel de ce nouvel instrument et entend bien composer une sonate de 50 minutes. Ce sera un échec, la critique estime que la surdité du musicien nuit à ses créations. Comme toujours, Beethoven est sûr de son fait : « Voilà une sonate qui donnera de la besogne aux pianistes, quand on la jouera dans cinquante ans ».

Au printemps 1818, lui vient l’idée d’une grande œuvre religieuse pour l’archiduc Rodolphe, qui doit être élevé au rang d’archevêque. Mais Beethoven est mobilisé par la colossale Missa solemnis en ré majeur, qui lui prendra 4 années après qu’il se fut plongé dans les messes de Bach et le messie de Haendel. Il est satisfait du résultat, estimant qu’il s’agit de son plus bel ouvrage.

Parallèlement à ce travail, sont composées les trois dernières sonates. L’Opus 111 s’achève sur une arietta à variations d’une haute spiritualité qui aurait pu être sa dernière page pour piano. Mais il lui reste à composer un ultime chef-d’œuvre pianistique : l’éditeur Anton Diabelli invite, en 1822, l’ensemble des compositeurs de son temps à écrire une variation sur une valse très simple de sa composition. Après s’être d’abord moqué de cette valse, Beethoven dépasse le but proposé et en tire un immense recueil de 33 variations.

Franz Schubert était un grand admirateur de Beethoven

Les cinq derniers Quatuors mettent le point final à la production musicale de Beethoven. Par leur caractère visionnaire, ils marquent l’aboutissement des recherches du compositeur. Il faut encore ajouter la 9ème Symphonie qui sera un véritable triomphe le jour de sa représentation. Il tiendra à la diriger même s’il n’entend plus rien. Il lui faudra aussi se retourner vers le public pour s’apercevoir qu’il est acclamé.

Parmi les œuvres de la fin de sa vie, il y a la Grande Fugue en si bémol majeur ainsi que le 16ème et ultime quatuor. Beethoven a de nombreux autre projet quand le 30 juillet 1826, Karl fait une tentative de suicide. L’affaire fait scandale et, bouleversé, il part avec son neveu convalescent se reposer chez son frère Johann. C’est là qu’il écrit sa dernière œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du 13ème Quatuor.

 

De retour à Vienne en décembre 1826, Beethoven contracte une double pneumonie dont il ne peut se relever. Quelques semaines avant sa mort, il reçoit la visite d’un admirateur, Franz Schubert, qu’il ne connaît pas et regrette de découvrir si tardivement. Le 26 mars 1827, Ludwig van Beethoven meurt à l’âge de 56 ans. Alors que Vienne ne se souciait guère de son sort depuis des mois, ses funérailles réunissent un cortège impressionnant de plusieurs milliers d’anonymes. « Il sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup d’eau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit universellement compris », dira Franz Schubert en 1827.

David Abiker et Camille Taver

Retrouvez Demandez le programme