Mozart est mort à trente-cinq ans, mais reste l’un des plus grands génies de la musique classique. Enfant prodige et compositeur prolifique, il nous laisse des chefs-d’œuvre dans tous les genres. Il a toujours recherché le naturel en musique, même dans la virtuosité, ce qui en fait un champion du style classique. Mais son œuvre exprime aussi toutes les émotions humaines, ce qui lui vaudra l’admiration des Romantiques.
Wolfgang Amadeus Mozart en 10 dates :
- 1756 : naissance à Salzbourg.
- 1762 à 1766 : tournée en Europe avec son père Léopold Mozart et sa
sœur Nannerl.
Jean-Chrétien Bach lui fait découvrir le pianoforte à Londres. - 1778 : 2ème voyage à Paris et mort de sa mère.
- 1781 : quitte avec fracas le service de Colloredo, le Prince-Archevêque
de Salzbourg.
Rencontre Haydn à qui il dédiera six quatuors à cordes. - 1782 : mariage avec Constance Weber.
- 1784 : entre à la Franc-maçonnerie (sera nommé Maître en 1785).
- 1786 : compose le Concerto pour piano n°23 et la Symphonie n°38 dite “Prague”.
Création des Noces de Figaro à Vienne. - 1787 : création de Don Giovanni à Prague.
L’empereur Joseph II nomme Mozart au poste de “Musicien de la chambre impériale et royale”. - 1788 : compose les Symphonies n°39, n°40 et n°41 dite “Jupiter”.
- 1791 : création de La Flûte enchantée et de La Clémence de Titus.
Ecrit le Concerto pour clarinette.
La composition du Requiem est interrompue par sa mort à Vienne.
Né à Salzbourg, ses dons d’enfant prodige fascinent toute l’Europe
Le petit Wolfgang grandit à Salzbourg dans une famille de musiciens. Son père Léopold Mozart décèle très vite ses dons et l’emmène pour une tournée en Europe dès l’âge de six ans. Sa sœur Nannerl est aussi du voyage. Virtuose du clavecin et du violon, l’enfant enchante les souverains et leur cour : l’impératrice Marie-Thérèse à Vienne, la famille royale à Versailles, le roi Georges III à Londres. Mais lorsque Mozart entreprend un second voyage en 1778, il ne rencontre plus le même succès. Il n’est plus alors un enfant prodige qui fascine ou amuse, mais un jeune adulte qui cherche à faire sa place et la concurrence est rude. Les portes restent fermées. Mozart rentre en Autriche mais le clavier continuera de tenir une grande place dans sa production à travers des sonates, des œuvres de musique de chambre et vingt-sept concertos.
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Au XVIIIème siècle, un compositeur ne peut pas être son propre maître
A l’époque, la noblesse et les prélats sont des employeurs importants pour les musiciens. Mozart sera donc au service des “Grands” – comme Haydn chez le Prince Esterhazy. Son père l’a fait entrer au service du prince-archevêque de Salzbourg comme Konzertmeister en 1769. Mais très vite les choses se gâtent. Le successeur du prince, Colloredo, lui impose les formes de musique religieuse qu’il veut lui voir composer et restreint ses voyages. Mozart rêve de liberté. Il claque la porte en 1781. Mais il connaît aussi cette année-là une grande joie : il rencontre Haydn. Les deux compositeurs partagent une estime réciproque, et Mozart dédiera six quatuors à cordes à son aîné.

Mozart déménage à Vienne, qui sera la ville du succès et du bonheur conjugal
Colloredo n’est qu’un épisode dans sa vie, mais révélateur du caractère indépendant de Mozart. Pour autant, il ne pourra pas vraiment s’affranchir des exigences de l’aristocratie. Il faut bien gagner de quoi vivre ! Beethoven sera plus libre… mais nous serons alors au XIXème siècle et les mentalités auront évolué. Mozart s’installe donc à Vienne où ses opéras sont appréciés par l’empereur Joseph II, qui lui donne un poste officiel à la cour en 1787 où est déjà employé Salieri. Mozart renoue à Vienne avec la famille Weber. Les quatre filles, toutes chanteuses, sont les cousines du compositeur Carl Maria von Weber. Quelques années plus tôt, Mozart était tombé amoureux de la seconde, Aloysia. Mais celle-ci lui en a préféré un autre. Mozart porte alors son regard sur la troisième, Constance, qu’il épouse en 1782. La sœur aînée, la plus douée musicalement, créera quelques années plus tard le rôle de la Reine de la nuit dans son opéra La Flûte enchantée.
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Son idéal franc-maçon se retrouve dans ses œuvres, en particulier dans La Flûte enchantée
La Flûte Enchantée reflète l’appartenance de Mozart à la franc-maçonnerie. Il entre dans la loge maçonnique de Vienne en 1784. Les idées des Lumières sont alors diffusées dans toute l’Europe. Liberté, rationalisme, estimation des personnes selon leur mérite moral et non leur position sociale, tels sont les idéaux inspirés de ces philosophes que relaie une partie de la franc-maçonnerie. Figaro, le personnage de Beaumarchais, illustre bien ces principes. Séduit, Mozart s’empare du livret de Lorenzo da Ponte et compose l’opéra Les Noces de Figaro. Une douzaine d’œuvres verra le jour pour les “frères” maçons, mais la plus frappante est sans aucun doute La Flûte Enchantée. Les épreuves initiatiques que doivent traverser les héros, la récurrence du chiffre trois (par exemple les trois coups de l’Ouverture), l’opposition entre l’obscurantisme (la Reine de la nuit) et la lumière de la connaissance (le grand-prêtre Sarastro), font de cet opéra une transposition de l’idéal maçonnique.
Natalie Dessay dans La Flûte enchantée, l’air de La Reine de la Nuit
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Son Requiem reste inachevé, la version qu’on entend aujourd’hui a été terminée par ses élèves
Mozart meurt cette même année 1791, sans avoir pu achever le Requiem qui venait de lui être commandé. Sa femme demandera donc à ses élèves de terminer l’œuvre afin d’en toucher le paiement. En effet, d’un naturel dépensier, Mozart meurt criblé de dettes. Il est accompagné au cimetière par une poignée de connaissances et enterré dans une fosse commune. Il n’en fallait pas plus pour que soit forgée la légende du génie incompris, mythe romantique par excellence, mais qui a perduré jusqu’à nos jours. En réalité, le talent de Mozart a été très bien reconnu de son vivant. Mais à la suite d’une épidémie, l’empereur avait édicté une loi préconisant les enterrements anonymes et sans cortège, afin que les Viennois ne risquent pas de ramener en ville des maladies après s’être recueillis sur la tombe de leurs proches.
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Compositeur classique, il devient vite un modèle après sa mort pour les Romantiques
Très vite, les Romantiques vont admirer Mozart. Chopin en fait son idéal dans sa recherche de naturel musical. Mozart voulait que sa musique, en particulier celle écrite pour piano, coule de source comme si tout était facile, même dans la plus grande virtuosité. ETA Hoffmann et Schumann s’enthousiasment pour son opéra Don Giovanni, avec la scène fantastique du commandeur. Hoffmann veut même voir en Mozart le premier compositeur romantique ! Pourtant, si l’expression des sentiments relie Mozart au Sturm und Drang (le courant annonciateur du Romantisme), son respect des proportions l’ancre bien dans le style classique. Son génie n’en reste pas moins incontestable. Mozart réussit à marier le lyrisme italien de la mélodie à la technicité du contrepoint germanique, le tout dans un style éminemment personnel. Il n’invente pas de nouveau genre musical, mais les porte tous à leur plus haut niveau. En témoignent ses symphonies, ses sonates, et ses concertos quel que soit l’instrument pour lequel ils sont écrits (piano, violon, ou instruments à vent comme le célèbre Concerto pour clarinette, repris dans le film Out of Africa).
M. Fröst dans l’Adagio du Concerto pour clarinette
Aujourd’hui Mozart est partout, dans les salles de concert et jusque sur les boîtes de bonbons !
Le Festival de Salzbourg a lieu chaque année depuis 1920. Bien-sûr les œuvres de Mozart y tiennent une belle place. Aux concerts d’été s’est ajoutée une édition à Pâques, initiée par Herbert von Karajan en 1967. Quant à la “Semaine Mozart”, elle est créée en 1956 par la Fondation du Mozarteum de Salzbourg et se tient chaque année au mois de janvier. Sa ville natale n’est évidemment pas la seule à plébisciter Mozart : il est à l’affiche des salles de concert du monde entier et les enregistrements de ses œuvres se comptent par milliers. Mais sa renommée dépasse le milieu mélomane. On entend ses œuvres dans les publicités à la télévision, on retrouve son effigie sur des boîtes de chocolats, et écouter la musique de Mozart est même recommandé aux femmes enceinte ou pour déstresser les animaux ! D’où vient cet engouement ? Sans doute parce qu’émouvante mais sans affectation, toujours naturelle, la musique de Mozart nous va droit au cœur.
Sixtine de Gournay