Beethoven : Pourquoi La Lettre à Élise était plutôt dédiée à Thérèse

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Dans son nouveau livre Why Beethoven, Norman Lebrecht confirme que la célébrissime Bagatelle n° 25 en la mineur n’a jamais été dédiée à une certaine Élise. Le musicologue britannique impute cette dénomination à la détentrice du manuscrit original.

 

Beethoven aurait plutôt dédié son œuvre à Thérèse

Depuis des décennies, la thèse selon laquelle la Bagatelle n° 25 en la mineur composée en 1810 par Ludwig van Beethoven, connue mondialement sous le titre de La Lettre à Élise (für Elise), n’aurait jamais été dédiée par le compositeur allemand à une personne portant ce prénom. Lorsque la partition originale fut découverte en 1865, 38 ans après la mort de Beethoven, seules les 2 dernières lettres, S et E, de la dédicace étaient en effet lisibles tant le document était en mauvais état.

 

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Selon plusieurs spécialistes, la dédicataire de l’œuvre aurait plutôt été une certaine Thérèse. Il est vrai que Ludwig Beethoven a fréquenté de près son élève Thérèse de Brunswick avec laquelle il eut une relation amoureuse de 1806 à 1808 mais à laquelle il avait déjà dédié sa Sonate n° 24 pour piano, dite À Thérèse. Plus sûrement, on pense à Therese Malfatti, musicienne autrichienne que Beethoven demanda en mariage, en vain, mais qui se retrouva en possession de la fameuse partition de La lettre à Élise. Mais alors comment Thérèse est-elle devenue Élise ?

 

Norman Lebrecht : « Beethoven aurait éclaté de rire devant des universitaires consacrant leur vie à découvrir qui était une Élise qui n’a jamais existé »  

Dans son nouveau livre Why Beethoven, Norman Lebrecht, musicologue et créateur du site spécialisé Slippedisc, écrit que le pianiste de Therese Malfatti hérita, à sa mort, d’une partie des documents rares qu’elle possédait, dont la partition de La Lettre à Élise qu’il remit à sa mère biologique. Et ce serait cette dernière, Babette Bredl, qui, lorsqu’elle rencontra à Munich le musicologue Ludwig Nohl, éditeur de l’œuvre en 1867, aurait suggéré le prénom d’Élise comme dédicataire.

 

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Norman Lebrecht soutient que Babette Bredl, qui n’a jamais connu Beethoven, aurait peut-être fait un lapsus en pensant à sa belle-fille Elisabeth surnommée Élise ou délibérément imaginé offrir un morceau de postérité à sa petite-fille prénommée… Élise. Alors Für Élise ou Für Thérèse cette lettre ? Peu importe selon Norman Lebrecht qui conclut avec ironie : « Je pense que Beethoven aurait éclaté de rire devant des universitaires consacrant toute leur carrière à découvrir qui était une Élise qui n’a jamais existé. Tout ça à partir d’un manuscrit retrouvé à Munich, où il n’a certainement jamais mis les pieds, en possession d’une dame dont il n’avait jamais entendu parler ».

Philippe Gault

 

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