Demandez le programme vous propose de parcourir en musique la vie de Gabriel Fauré. Si le créateur de La Pavane a mené une vie plutôt rangée, il a été très inspiré par ses rencontres féminines et ses déceptions amoureuses. Découvrez le parcours d’un des plus grands compositeurs français du 20ème siècle !
La Sonate pour violon et piano n°1 , sera sa première grande pièce de musique de chambre
Gabriel Fauré est un monument de la musique française. Compositeur, organiste, directeur du Conservatoire de Paris, Fauré c’est la mélodie, l’harmonie, l’équilibre. Il naît un 12 mai 1845 en Ariège. Fauré se passionne pour la musique religieuse qu’il étudie, dès l’âge de 9 ans. C’est à Paris qu’il devient organiste, se forme auprès des chefs de chœur et des maîtres de chapelle et bien sûr auprès de son mentor Camille Saint-Saëns. En 1865, il obtient le premier grand prix de composition, il a 20 ans et livre au jury le fameux Cantique de Jean Racine. À 25 ans, Fauré s’engage dans la guerre de 1870 pour lever le Siège de Paris. Il quitte ensuite la France et se tient à l’écart pendant les combats de la Commune de Paris. Il enseigne ensuite à l’école Niedermayer ou il a été scolarisé enfant. Il rentre à Paris en 1871, où il retrouve Camille Saint-Saëns, fréquente les salons et rencontre les musiciens français de son époque : Henri Duparc, César Franck, Jules Massenet et d’autres. Ensemble, ils créent la Société nationale de musique, toujours sous l’égide de Camille Saint-Saëns qu’il remplace désormais de temps à autre aux grandes orgues de la Madeleine. C’est à cette époque qu’il compose sa première grande pièce de musique de chambre : la Sonate pour violon et piano n°1.
En 1877, Fauré devient maître de chapelle à l’église de la Madeleine. Fiancé un temps à la fille de Mme Viardot – dont il a fréquenté le salon – celle-ci rompt les fiançailles. Fauré est mortifié mais inspiré, il compose une mélodie intitulée Après un rêve, inspirée par ces vers : « Dans un sommeil que charmait ton image, je rêvais le bonheur, ardent mirage ». Inspiré par son chagrin d’amour, mais néanmoins malheureux, Fauré part à Weimar où il rencontre Liszt, en Allemagne. Il assiste à une représentation du Ring des Nibelungen de Richard Wagner. Il est bouleversé par son voyage, par la musique et revient en France pour composer son Quatuor n°1 pour piano. À quoi ressemble Gabriel Fauré vers 1880 ? Il est brun, mais commence à grisonner sérieusement. Pourvu d’une moustache, d’un regard franc, des traits réguliers, le compositeur a du charme. Ses élèves l’apprécient, il est calme, indépendant, s’entend avec tout le monde. Musicien installé dans le monde de la musique française, il côtoie les plus doués de son temps. Il a déjà prouvé ses talents d’organiste, c’est un excellent mélodiste et a son propre style. Il va rencontrer Marie Frémiet, fille d’un sculpteur, elle a un joli regard, un nez fin et long comme dans un tableau de Modigliani. Ils auront deux enfants. À cette époque, il compose sa Berceuse pour violon qu’il arrangera pour de nombreux instruments.
Le curieux destin de la célèbre Sicilienne de Gabriel Fauré
En 1883, Fauré épouse Marie Frémiet sans enthousiasme, mais il n’est plus seul. À cette époque, il donne des leçons et assure les services quotidiens à l’église de la Madeleine. En 1886, Fauré fait la connaissance de la comtesse Greffulhe qui va soutenir son travail. C’est grâce à Robert de Montesquiou qu’il rencontre cette comtesse. Une rencontre qui marque une nouvelle étape dans l’inspiration créatrice de Fauré. Cette à cette époque qu’il compose son Requiem, qui est créé le 16 janvier 1888 à la Madeleine. Voilà ce qu’en dira le compositeur plus tard : « Mon Requiem a été composé pour rien… pour le plaisir, si j’ose dire ! Il a été exécuté pour la première fois à la Madeleine, à l’occasion des obsèques d’un paroissien quelconque ». Il ajoute : « peut-être ai-je aussi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose ». En 1892, Fauré devient inspecteur des Conservatoires de musique en province. Fini les leçons chronophages qui l’ont parfois fois obligé à sacrifier la composition. En 1896, il est nommé organiste en chef à l’église de la Madeleine et succède à Jules Massenet comme professeur de composition au Conservatoire de Paris. Il aura pour élève Maurice Ravel et Nadia Boulanger. 1896 est l’année de composition de la suite pour orchestre intitulée Dolly. Pourquoi Dolly ? Tout simplement parce que c’est le surnom d’Hélène, la fille d’Emma Bardac, qu’épousera quelques années plus tard Claude Debussy. En 1898, Fauré compose sa célèbre Sicilienne qui va connaître un destin curieux. Au départ, la musique est destinée au Bourgeois gentilhomme puis est utilisée pour Pelléas et Mélisande, elle est ensuite arrangée pour flûte et piano et enfin pour harpe seule.
En 1903, Fauré devient critique au Figaro. Il a 58 ans, et signera des critiques musicales jusqu’en 1920. Saint-Saëns lui dira qu’il manquait d’ambition. Il avait raison, mais Fauré fait sa place et prend même la direction du Conservatoire de Paris en 1905. Fauré est un professeur adoré de ses élèves, mais comme directeur, il en va tout autrement. Il remet de l’ordre et de la discipline au conservatoire et bien sûr, on lui en veut. On lui reprochera même de ne pas avoir obtenu le prix de Rome. Depuis quelques années, il perd l’audition : le compositeur entend les graves, mais pas les aigus. C’est dans ces conditions qu’il compose son premier Quintette pour piano et cordes. Nous sommes en 1906.
A 75 ans, Gabriel Fauré reçoit la Grand-croix de la Légion d’honneur
Le compositeur est désormais un notable des arts et de la culture. En 1909, il est élu à l’Institut de France. De plus en plus sourd, il compose difficilement. La cantatrice Claire Croiza rapporte : « Fauré était un vivant métronome. C’était d’autant plus frappant à la fin de sa vie, quand il était devenu sourd. Avant, il était galant homme, il aimait les jolies femmes, il faisait quelques concessions. Mais à la fin de sa vie, quand il n’entendait plus, il allait son chemin, impeccablement, sans se douter que la chanteuse avait quelquefois deux ou trois mesures d’écart avec lui parce qu’elle ralentissait tandis que lui restait fidèle au mouvement ». Lorsque éclate la Première guerre mondiale, Fauré a 69 ans.
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En 1920, à 75 ans, il prend sa retraite du Conservatoire et reçoit la même année la Grand-croix de la Légion d’honneur. Il compose alors ses derniers chefs-d’œuvre : Le cycle de mélodie, L’horizon chimérique, Les seconds quintettes et sonates pour piano et violon, Le trio et le quatuor à corde, la Barcarolle n°13, son ultime pièce pour piano. Fauré termine sa vie avec des problèmes de santé. Il fume trop. Il ne compose plus, mais reste attentif au travail de la nouvelle génération. Il meurt le 4 novembre 1924 d’une pneumonie. Fauré est l’un des plus grands compositeurs français du 20ème siècle avec Ravel et Debussy. Il dira : « Pour moi, l’art, la musique surtout, consiste à nous élever le plus loin possible au-dessus de ce qui est ».
David Abiker et Camille Taver